Fin de partie, Le théâtre et la Chose

Fin de Partie est une des pièces les plus connues de Samuel Beckett. On la place souvent dans une triade que forment les pièces En attendant Godot, Fin de Partie et Oh ! Les beaux jours. Sujette à de nombreuses interprétations, cette pièce garde encore une grande part de mystère et demeure l’un des piliers de l’œuvre du génie irlandais.

Les quatre personnages sont reclus dans une pièce presque vide qu’ils appellent le « refuge » ; dehors, il semble n’y avoir que du vide, du gris. Les réfugiés sont tous des êtres diminués, éteints ; il y a d’abord Clov, incapable de s’asseoir, qui passe le temps en scrutant à travers les fenêtres et en s’occupant de Hamm, son père adoptif, tyrannique, aveugle et immobilisé sur son fauteuil ; il y a enfin Nell et Nagg, parents de Hamm, qui vivent enfermés dans deux poubelles.

Ces quatre personnages vivent, ou plutôt persistent dans une existence vaine, atemporelle, asignifiante, qu’ils tentent de meubler comme ils peuvent, par le langage, qui se fait à la voix horizon d’espoir dans sa subsistance malgré la fin du monde, et triste témoin du vide dans son absurdité.

On retrouve donc finalement le thème déjà abordé dans En attendant Godot : l’attente indéterminée de l’indéterminé ; le vertige et l’angoisse du langage qui poursuit vainement l’indicible. Cependant, si Godot traitait ce sujet sur le ton de l’humour, Fin de Partie ressemble davantage à une tragédie, alors même qu’elle instaure le théâtre d’une comédie humaine.

C’est donc un rire bien plus noir qui s’entend ici, celui de l’absurdité propre à notre condition, un rire qui finira de mourir dans Oh ! Les beaux jours. Car Beckett dans ses pièces impose la conscience du monde humain comme théâtre, où le seul accès à l’être réside dans ce réel impossible et pourtant là, répété dans la folie : « quelque chose suit son cours. »

Charlie PLES.

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