En finir avec Eddy Bellegueule : un récit bouleversant

Dans un milieu où « Pour un homme, la violence était quelque chose de naturel, d’évident », que peut faire un petit garçon efféminé, pour répondre aux attentes qu’on a de lui? C’est ce qu’Edouard Louis raconte dans En finir avec Eddy Bellegueule. Transfuge de classe, l’écrivain relate son enfance dans un village populaire du nord de la France. En faisant preuve d’honnêteté quand à ses émotions passées, usant d’un langage cru et livrant sans voile la violence caractéristique son cadre de vie, le normalien frappe avec le récit poignant de l’environnement dans lequel il s’est construit.

« On essaye dans un premier temps d’être comme les autres, et j’ai essayé d’être comme tout le monde »

 « De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux » commence par dire le narrateur, avant de montrer son décalage en tous points avec son milieu d’origine. Alors que la virilité est la norme sociale pour un garçon, Eddy est efféminé. Tandis que « Parler philosophie, c’est parler comme la classe ennemie, ceux qui ont les moyens, les riches », l’attrait pour l’intellectuel apparait tôt chez lui. Tout en abordant son récit proprement personnel (comme son expérience traumatisante du harcèlement scolaire), c’est l’histoire de tout un village et plus largement de toute une catégorie sociale qu’Edouard Louis veut faire entendre. La violence omniprésente est alors au cœur du sujet et porte, grâce à un arrière plan indéniablement sociologique sur des problèmes sociétaux et les inégalités.

Loin de renier ses origines, l’auteur explique avoir tout fait pour s’accommoder : « Il fallait fuir. Mais d’abord, on ne pense pas spontanément à la fuite par qu’on ignore qu’il existe un ailleurs. On ne sait pas que la fuite est une possibilité. On essaye dans un premier temps d’être comme les autres, et j’ai essayé d’être comme tout le monde. » Apres avoir vainement tenter de refouler son attirance pour les hommes, suite à ses multiples échecs d’intégration, Eddy deviendra Edouard. 

Coline COCHETEUX.

En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis (2014), Edition Points. 203 pages.

 

 

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