EMA : le nouveau film de Pablo Larraín irradie la rentrée

Ema raconte l’histoire d’une danseuse contemporaine (Mariana Di Girólamo) mariée à un chorégraphe renommé ; à la suite de l’échec d’une adoption et du délitement de leur couple, la jeune femme entreprend de corriger le passé, de révolutionner son rapport à l’art.

Une œuvre fulgurante, importante et novatrice

Pablo Larraín, notamment connu pour ses biopics (Neruda, Jackie) revient ici avec un drame aussi fascinant qu’iconoclaste. C’est d’abord la plastique d’Ema qui impressionne : des images à la composition foudroyante et dont la photographie (signée Sergio Armstrong) n’est pas sans rappeler le travail de Benoît Debie sur les films de Gaspar Noé.

La musique également se donne pour mission d’hypnotiser le spectateur dès les premiers instants, lors d’une scène de danse qui révèle le grand sujet du film : le mouvement, le corps dans le mouvement. Car si la trame complexe et pernicieuse de l’intrigue suit un personnage révolté qui cherche à immoler les stigmates d’une société traditionnelle (les instances conjugales, familiale, culturelle, patriarcale), Larraín s’adonne à filmer l’idée même de chaos qui en résulte.

Expérience sensorielle, manifeste anarchiste

Le film se lit, de ce fait, autant comme une expérience sensorielle que comme un manifeste anarchiste, la jonction des 2 questionnant le rapport du spectateur et des personnages au marquage politique de leurs affinités esthétiques. Lorsque le personnage fait le choix du chaos, chaos des corps, chaos du mouvement, elle se tourne vers la danse reggaeton, geste de déchéance de son existence bourgeoise, et d’adoption d’une nouvelle expressivité de la chair.

Une des questions essentielles que soulève Ema est la suivante : peut-il être de bon goût de faire de certaines scènes des clips de reggaeton dans un film qui se veut d’Art et essai ?

Pablo Larrain livre le portrait d’une femme meurtrie et révoltée dans sa maternité, œuvre fulgurante, importante et novatrice, se plaçant sans aucun doute parmi les plus belles sorties de 2020.

Note : 18/20.

En salles depuis le 2 septembre 2020. Durée : 1h42.

Victor L.

 

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