Depuis son potager, Bernard pense à la jeunesse

À 86 ans, ce professeur retraité sarthois porte un regard engagé sur la crise que nous traversons depuis plus d’un an. Les souvenirs des années passées avec ses élèves sont toujours présents. Aujourd’hui, c’est aux jeunes générations qu’il pense.

Un sourire et des inquiétudes

Bernard, c’est mon voisin. Souvent, en me promenant dans le jardin, je l’aperçois derrière la haie. Il déambule au milieu de son potager en sifflotant joyeusement. Son béret et ses lunettes de soleil le quittent rarement. J’essaie de l’appeler doucement… Mais encore raté, il sursaute !

Face à cette crise, il se dit privilégié. D’abord, parce qu’il a son jardin et son atelier de bricolage. Ensuite, parce que la solitude, il connaît : 8 ans en internat avant de partir deux ans et demi pour le service militaire. Finalement, ce qui l’inquiète surtout tient en ces mots :

« On s’habitue ». 

Ce constat, il l’entend beaucoup autour de lui. Pourtant, « cette routine est dramatique » et il ne les oublie pas : les jeunes. Pour lui, ce sont eux qui trinquent le plus. Mais cette fois, sans alcool.

Une génération sacrifiée ? 

Ça n’a pas été simple d’obtenir de Bernard un avis sur le sort des jeunes. A contre-pied de ceux qui ont un avis sur tout, il préfère observer et écouter. Il est loin le temps où il enseignait la physique et la biologie aux collégiens d’Allonnes, puis du collège Berthelot au Mans.

« J’entend des jeunes s’exprimer, des représentants syndicaux ou des responsables d’associations. Ils analysent bien mieux les choses que nous parce qu’ils sont sur le terrain ». 

Mais il s’indigne. Que les associations remplacent le gouvernement pour nourrir les étudiants, c’est pour lui un scandale. Le mal-être chez les jeunes de tous âges lui apparaît comme l’une des conséquences des cours à distance. Même sa fille, qui enseigne l’anglais, a frôlé la dépression.

Entouré de ses outils marqués par le temps, c’est en tant qu’ancien professeur, père et grand-père qu’il s’inquiète.

Et à ceux qui estiment que les jeunes se plaignent alors qu’ils n’ont pas connu la guerre, il répond :

« J’aurais honte de dire ça ! Moi je l’ai connue, on ne peut la souhaiter à personne. C’est une jeunesse qu’on leur vole. Et à la clé, la sélection. Il y a ceux qui s’en tireront, qui ont des profs particuliers. Et puis les  autres… ». 

Le jour d’après…

Réfléchir à demain. Parce-ce que même si c’est long, demain va arriver. Et avec, son lot de défis. Au milieu de ses plants de légumes, c’est pour Bernard une évidence : « il va falloir faire attention à l’écologie ». Et aussi, alors que certains « s’inscrivent pour aller sur Mars », penser d’abord à ce que les jeunes puissent manger correctement.

Finalement, j’ai réussi à obtenir un conseil qu’il pourrait adresser aux jeunes :

« Faites attention à vous, mais aussi aux autres ». 

Adham BNIBOURK.

 

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