Charlotte Salomon, artiste torturée, à la fois par une société qui ne veut pas d’elle, et par une famille qui semble cumuler les malheurs, est l’objet du roman biographique de David Foenkinos, « Charlotte ».
L’écrivain, fasciné par cette femme ayant vécu quelques décennies avant sa naissance, retrace sa vie dans son roman sorti en 2014 intitulé sobrement « Charlotte ». Ce livre, Foenkinos a beaucoup hésité à l’écrire, multipliant les esquisses et les abandonnant toutes, les unes après les autres. L’auteur de « la Délicatesse » finit par opter pour un style d’écriture épuré et organisé presque comme un poème. L’ouvrage est très agréable et rapide à lire, et transporte le lecteur dans l’Allemagne des années 1920, 1930, puis 1940 pour un voyage qui ne le laissera pas indemne.
Charlotte Salomon naît en 1917 à Berlin. Sa mère décède en 1926. Elle vit alors avec son père Albert, et plus tard, avec sa belle-mère, la chanteuse Paula Lindberg. Juive et témoin de la montée du nazisme en Allemagne, elle est contrainte à arrêter d’aller au lycée et se consacre entièrement à une passion nouvelle : la peinture.
Particulièrement douée, elle parvient à intégrer les Beaux-Arts de Berlin, tâche presque impossible pour une juive à cette époque. Elle vivra un amour passionnel avec le professeur de chant de sa belle-mère, Alfred Wolfsohn, puis sera contrainte en 1939 de rejoindre ses grands-parents en France pour fuir le nazisme. Là-bas, elle continuera de peindre et
produira l’œuvre de sa vie « Leben? Oder Theater ? » (Vie ? Ou Théâtre ?), composée de plus de 800 gouaches et de centaines de calques calligraphiés. Salomon utilise alors l’art pour documenter sa vie; la montée du nazisme, son amour pour Wolfsohn, et ses traumatismes liés à sa famille, comme la mort de sa mère.
En 1943, elle est arrêtée par la Gestapo avec son mari Alexander Nagler, de qui elle est enceinte, et les deux époux sont déportés vers Auschwitz. Ils y trouveront la mort peu de temps après leur arrivée.
Si l’œuvre de Charlotte Salomon est aujourd’hui entière, c’est parce qu’elle a été protégée à la fin de la guerre par un ami proche de l’artiste. Ses tableaux et dessins ont été confiés par les parents de la jeune femme au musée historique juif d’Amsterdam, où on peut encore les retrouver aujourd’hui.
« Ici habitait Albert Salomon né en 1883 arrêté en 1938. Fuite vers la Hollande en 1939. Interné à Westerbork. Fuite en 1943. A survécu » « Ici habitait Paula Lindberg-Salomon, née Levi en 1897. Internée à Westerbork. Fuite en 1943. A survécu. » « Ici habitait Charlotte Salomon née en 1917. Fuite vers la France en 1939. Internée à Drancy en 1940, déportée en 1943. Assassinée à Auschwitz. » – Berlin, devant la maison de l’artiste ->
La vie de l’artiste est à retrouver plus en détails dans le roman « Charlotte » de David Foenkinos paru en 2014 (256 pages/Gallimard).
De plus, le film d’animation « Charlotte » inspiré de l’ouvrage sortira en salles le 9 novembre 2022.
Yuna PERRIERE.