Durant le troisième Reich ont été créées des sortes d’usines à bébé, où les SS violaient les femmes dans un souci de perpétuation de la race aryenne. Avec La Pouponnière d’Himmler (2024), Caroline de Mulder nous plonge dans un décor qui rappelle celui de La Servante Ecarlate, et qui fut pourtant bien réel.
Caroline de Mulder nous plonge dans cette dystopie du passé à travers trois personnages, une Française qui a fui après une aventure avec un soldat allemand, une Scwheister (gardienne) de la pouponnière, et un rescapé d’Auschwitz qui travaille désormais dans le Heim (le camp).
Un récit fictif respectant la cohérence historique
Le récit est fictif mais l’autrice respecte la cohérence historique, à travers un travail documenté qui nous plonge dans l’horreur de l’Allemagne nazie, loin des camps d’extermination, mais tout aussi effarant dans l’idéologie dont témoigne la pouponnière : l’obsession de la race, la réification de la femme, la soumission politique du sexe et de la natalité dans une perspective de réarmement démographique…
Caroline de Mulder rappelle que le pire peut revenir
C’est aussi un livre qui témoigne de la banalité du mal, de la difficulté à le considérer de l’intérieur, du confort qu’instaure le systématisme de chaque aspect de la vie dans un état totalitaire. Comme le constate le personnage de Helga, il n’y a ni bien ni mal, mais des glissements imperceptibles entre les deux et qu’on ne réalise que trop tard.
À la fin, tout doit brûler, mais l’odeur cramée persiste. Ce que nous rappelle Caroline de Mulder c’est que le pire peut revenir.
Texte, photos et illustration : Charlie PLÈS.
La pouponnière d’Himmler de Caroline De Mulder (Gallimard, 2024). 288 pages.