bell hooks, figure du féminisme, s’est éteinte

Gloria Jean Watkins, plus connue sous son nom de plume de bell hooks, était une auteure afro-américaine née en 1956. L’écriture de son pseudonyme toutes en minuscules est justifié par sa volonté de mettre l’accent « sur l’essence de ses écrits plutôt que sur sa personne ». Le mercredi 15 décembre 2021, son décès à l’âge de 69 ans, fait perdre au monde une femme brillante et engagée.

Le travail de bell hooks, qui compte une trentaine d’ouvrages, se concentre sur les mécanismes d’oppression et de domination dans la société états-unienne. Son sujet de prédilection est l’intersectionnalité entre les différentes formes de discrimination, c’est-à-dire la combinaison entre le racisme, le sexisme, le capitalisme et le classicisme. Des thématiques qui peuvent sembler complexes, mais que l’écrivaine aborde avec une plume très accessible et compréhensible. Ce choix d’écrire dans un registre moins académique pour être lue par le plus grand nombre a d’abord été sujet de critiques par les universitaires. Il a néanmoins permis à bell hooks d’être une personnalité dont l’influence s’étend à l’échelle mondiale et traverse les époques.

Parmi ses nombreux ouvrages, quelques-uns ont été traduits en français, dont les essais féministes Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme et De la marge au centre : Théorie féministe. L’auteure y développe l’histoire des femmes noires aux États-Unis, qui non seulement subissent à la fois le sexisme et le racisme, mais qui sont également exclues de la majorité des combats féministes, dirigées par les femmes blanches. Considérées comme des piliers de l’afro-féminisme, ces deux lectures essentielles lient les problématiques de genre à celles de race* et de classe, et soulignent l’importance de féminisme intersectionnel.

« Les femmes doivent apprendre à endosser la responsabilité de lutter contre des oppressions qui ne les affectent pas forcément à titre personnel. Comme d’autres mouvements radicaux dans notre société, le mouvement féministe s’affaiblit lorsque les enjeux et priorités individuelles constituent les seules raisons de l’implication des activistes. Lorsque nous montrons notre intérêt pour le collectif, nous renforçons notre solidarité ».

*Ici au sens de race sociale. Amandine Gay, auteure et réalisatrice française afro-descendante, écrit d’ailleurs dans le préface de Ne suis-je pas une femme ? : « C’est bien dans cette dimension qu’il faut envisager la race : comme une construction sociale. »