« BAC Nord » : un polar sous haute tension

Après « La French » (2014), le réalisateur et scénariste marseillais Cédric Jimenez a réinstallé sa caméra dans les rues de sa cité phocéenne natale pour tourner « Bac Nord ». Inspiré de faits réels, ce thriller haletant et controversé était présenté hors compétition au Festival de Cannes 2021.

« 2012. Les quartiers Nord de Marseille détiennent un triste record : la zone au taux de criminalité le plus élevé de France. Poussée par sa hiérarchie, la BAC Nord, brigade de terrain, cherche sans cesse à améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, les flics adaptent leurs méthodes, franchissant parfois la ligne jaune. Jusqu’au jour où le système judiciaire se retourne contre eux… »

Le film aborde un sujet encore controversé aujourd’hui : en 2012, un scandale a secoué la brigade anti-criminalité (BAC) de Marseille qui avait vu dix-huit de ses membres déférés en correctionnelle pour trafic de stupéfiants et rackets.

Aucun camp ne veut baisser les armes, il s’agit d’un combat de coqs

Bac Nord se veut nuancé et ne désigne pas de coupable, car la violence est trop forte de chaque côté. L’humain est réduit à un camp, à un positionnement d’un côté ou de l’autre de la Loi, positionnement parfois tendancieux : des représentants de l’ordre enfreignent la Loi pour la faire respecter. Malgré ces faits, le film a suscité la polémique sur la Croisette lors de sa présentation au Festival de Cannes 2021. « Moi, j’ai vu ça avec l’œil d’un étranger et je me dis : peut-être que je vais voter Le Pen après ça  », a déclaré un journaliste AFP irlandais lors de la conférence de presse.

L’angle que prend le réalisateur est certes particulier : le spectateur prend le point de vue des trois « baqueux » intérprétés avec brio par Gilles Lellouche, François Civil et Karim Leklou. La caméra les suit à travers des plans et un montage convulsif dans leur quotidien violent. Cédric Jimenez y a amené de la fraîcheur et du rire à travers les scènes de la vie quotidienne et le seul personnage féminin : la discrète Nora (Adèle Exarchopoulos).

Le point de vue des jeunes de cité passe à la trappe

A mi-chemin entre fiction et le biopic, tout en passant par des touches d’humour, ce « western urbain » surprend et parfois déçoit que ce soit dans la représentation des cités où les jeunes sont vus comme des bêtes en troupeau et non comme des individus ou que ce soit dans l’unilatéralité du point de vue, celui des jeunes des quartiers sensibles n’étant pas abordé (à la différence du film « Les Misérables » de Ladj Ly). Malgré tout, Cédric Jimenez signe un polar audacieux et musclé, avec quelques défauts apparents, tout en livrant au spectateur une expérience à couper le souffle sur une bande-son tonitruante.

Sacha FESTY.

BAC Nord de Cédric Jimenez, en salles depuis le 18 août 2021. Durée : 1h47.

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