Au revoir les enfants : l’histoire vraie d’un prêtre résistant

En 1987, Louis Malle sort Au revoir les enfants. Le réalisateur, qui compte déjà dans sa filmographie Le feu follet (1963) et Ascenseur pour l’échafaud (1958), n’en est pas à son coup d’essai, et décide de porter son film sur une histoire dont il fut témoin pendant l’occupation allemande.

Une rupture brutale avec l’enfance et d’une entrée prématurée dans le monde adulte

En 1943, Louis Malle, alors âgé de 11 ans, est scolarisé au collège d’Avon, près de Fontainebleau. Là, enseigne le père Jacques, de son vrai nom Lucien Bunel, connu pour avoir caché trois garçons juifs dans cet établissement catholique.

Ces derniers restent environ un an dans le collège, suivant les cours avec les autres élèves et cachant leur identité avec des noms d’emprunt. En janvier 1944, les trois enfants et le père Jacques sont arrêtés par la Gestapo et déportés vers des camps d’extermination. Tous les quatre y trouveront la mort.

Au revoir les enfants se concentre sur l’amitié fictive entre deux garçons; Jean Bonnet et Julien Quentin. Le premier s’inspire d’un des enfants juifs que Louis Malle a pu côtoyer, Hans-Helmut Michel, dont le nom de couverture était Jean Bonnet. Le second est probablement inspiré de Louis Malle lui-même. Contrairement aux deux protagonistes de ce drame, Louis Malle et Hans Helmut Michel n’étaient pas amis et c’est le regret de cette absence d’amitié qui poussera le cinéaste à réaliser son film.

« Pendant longtemps, j’ai purement et simplement refusé de m’y attaquer, parce que cet évènement m’avait traumatisé et qu’il a eu une énorme influence sur ma vie. » (Louis Malle)

 

Louis Malle. DR.
Le Père Jacques.

Le film, plutôt lent au premier abord, dépeint une sorte de choc entre l’insouciance des enfants, et la France occupée dans laquelle ils vivent. A la fois cruels et tendres entre eux, ils grandissent dans ce climat de méfiance envers les Allemands, et dans cette France divisée, entre les nazis et leurs sympathisants, ceux qui résistent et ceux qui restent passifs. Malgré le contexte du récit, cette œuvre n’est pas écrasé par une lourdeur ou une angoisse croissante.

Les enfants sont à chaque génération symboles d’espoir et c’est cet espoir enfantin, cette insouciance, qui allègent le film, le portent et rendent la fin encore plus douloureuse et assourdissante.
Cet épilogue; l’arrestation des enfants et du prêtre, représente une victoire des occupants sur l’espoir d’une France libérée, c’est un retour violent à la réalité pour les jeunes adolescents. Elle est synonyme d’une rupture brutale avec l’enfance et d’une entrée prématurée dans le monde adulte.

Yuna PERRIERE.

Au revoir les enfants (1987). est à retrouver sur la plateforme MUBI et canal VOD. Durée : 1h43.

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