Artaud à Rodez : entre démence et génie

S’il faut nommer une figure de l’artiste torturé au XXème siècle, on pense immédiatement à Antonin Artaud (1996-1948). Poète, dramaturge, acteur et essayiste, il était hanté par un sentiment d’inadéquation avec lui-même qui le mènera à la folie et à l’internement dans l’hôpital psychiatrique de Rodez. Les Nouveaux écrits de Rodez (1994) recueillent certaines des productions de son séjour.

Depuis son premier recueil de poèmes qui occasionna une correspondance avec l’homme de lettres Jacques Rivière, on sait qu’Artaud éprouvait une certaine inadéquation entre lui et sa pensée ; il se sentait incapable d’être lui-même. Son expérience douloureuse de la vie intérieure le mène d’un profond athéisme à un fanatisme religieux, qui le conduira, en Irlande, à tenter de voler une relique pour la rapporter au peuple qu’elle est censée protéger, selon un mythe local. Il est alors interné à Rodez.

Ces Nouveaux Écrits sont principalement occupés par la correspondance avec le Docteur Ferdière, en charge de son cas, et qu’on a longtemps cru être son bourreau tandis qu’il se révèle, dans ces lettres, être un ami d’Artaud. Le reste du recueil est composé de certains textes littéraires ou essayistiques ou d’autres correspondances épistolaires, tous écrits à Rodez.

Un fou incapable de prendre conscience de sa folie malgré les insanités qu’il produit

S’il est d’abord amusant d’entendre Artaud prétendre être sain d’esprit tout en révélant à son docteur qu’il est la réincarnation d’un saint et que le personnel de l’asile ne sont autres que des démons de Satan, il est finalement assez triste de comprendre que le fou est incapable de prendre conscience de sa folie malgré les insanités qu’il produit.

Ce recueil permet d’entrer dans les méandres tortueux de l’esprit d’Artaud, de comprendre sa douleur, sa tristesse, et son passage, de sa foi religieuse désespérée à, de nouveau, l’athéisme ; le recueil permet enfin d’avoir un aperçu de la vie dans les asiles psychiatriques du XXème siècle.

Texte et illustration : Charlie PLES.

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