Depuis vingt-huit ans, Amélie Nothomb rythme chaque rentrée littéraire avec des romans qui rencontrent un vrai succès public. Mais depuis quelques années, l’autrice belge semble négliger la qualité de son œuvre au profit d’une image médiatique étouffante.
Un sens aigu du dialogue, un humour acerbe
En 1992, Amélie Nothomb signe une entrée fracassante sur la scène littéraire avec le brillant Hygiène de l’assassin, l’histoire d’une confrontation entre une journaliste et un prix Nobel de littérature mourant. Les grandes forces de l’écriture de Nothomb sont déjà présentes : un sens aigu du dialogue, un humour acerbe…
Une œuvre pléthorique et inégale
Trois grands piliers se dégagent de son œuvre. La veine autobiographique contient ses meilleurs livres comme Métaphysique des tubes sur son enfance au Japon, ou encore le très drôle Stupeur et Tremblement. D’autres textes explorent en boucle les mêmes obsessions : les relations perverses et toxiques (Antéchrista), le meurtre (Cosmétique de l’ennemi), la haine de soi et l’anorexie.
Amélie Nothomb propose aussi des réécritures de contes. L’exercice est parfois bien mené comme Barbe bleue, ou franchement raté et grotesque (Riquet à la Houppe).
« Si je suis si célèbre, cher Monsieur, c’est parce que personne ne me lit. »
À cause d’un rythme de publication effréné, la production littéraire de la romancière belge est très inégale, avec beaucoup de livres oubliables. Le grand public ne retient que son image médiatique décalée qu’elle peaufine à l’excès. Peut-être qu’Amélie Nothomb devrait se souvenir de ce qu’elle écrivait dans Hygiène de l’assassin : « Si je suis si célèbre, cher Monsieur, c’est parce que personne ne me lit. Le sommet du raffinement, c’est de vendre des millions d’exemplaires et de ne pas être lu. Au fond, les gens ne lisent pas ; ou, s’ils lisent, ils ne comprennent pas ; ou s’ils comprennent, ils oublient ».
Ismaël EL BOU – COTTEREAU.
Crédit photos : Jean-Baptiste Mondino.