Aliène : la vérité est ailleurs

Phoebe Hadjimarkos Clarke a publié cette année aux éditions du Sous-sol son roman Aliène qui explore les mécanismes de la fiction, et mélange ainsi plusieurs niveaux de discours : politique, poétique, et fantastique.

Une allure de monstre à la Frankenstein

Difficile de résumer cette drôle d’intrigue. Fauvel doit garder Hannah, la chienne du père de sa meilleure amie Mado. Hannah a une particularité remarquable : elle est le clone de la précédente Hannah, dont la dépouille demeure empaillée dans le salon.

Cette nature de monstre de Frankenstein va nourrir la méfiance des villageois, qui entretiennent la rumeur selon laquelle cette chienne massacre les bêtes de la forêt et des troupeaux environs. Fauvel ne veut pas croire la culpabilité d’Hannah, malgré ses fréquentes fugues dont elle revient couverte de sang. Il investigue du côté de Julien, un jeune chasseur au charme sombre, qui semble cacher de lourds secrets et raconte être en contact avec… les extraterrestres.

Une angoisse qui prédomine

Clarke manie avec dextérité les différents éléments de cette intrigue, dont la complexité repose sur l’impossible dénouement des trames, aucune ne se concrétise. Tout n’est qu’hypothèses dues aux angoisses de Fauvel. La seule chose bien réelle dans ce roman où l’on doute de tout, c’est la peur. La peur primale et indéfinissable, ce sentiment d’être en présence d’autre chose, ou bien d’être cette autre chose. Que les aliens soient venus d’ailleurs, ou que la nature de Fauvel soit aliène, tout comme celle d’Hannah avec qui s’entretient un curieux jeu de miroir, l’angoisse demeure permanente comme un mauvais trip, se nourrissant des cadavres d’animaux, du regard des hommes, des flashballs de la police…

Le lecteur est plongé, tout comme Fauvel, dans un brouillage permanent entre les cauchemars de la jeune femme, et les « vrais » éléments du récit, si tant est qu’il y en ait. Tout est fiction, et la vérité est ailleurs.

Texte et illustration : Charlie PLÈS.

Aliène de Phoebe Hadjimarkos Clarke/Editions du sous-sol/2024. 288 pages.

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