Aftersun : l’ennui chic d’un film qui manque d’ambition

Le drame de Charlotte Wells, qui a fait sensation dans les festivals, ennuie plus qu’il n’émeut. 

Sophie, 11 ans, passe sans le savoir ses dernières vacances avec son père, englué dans une dépression mélancolique. Aftersun est construit autour de la présence et de la disparition du père, symptomatique d’une lutte entre les pulsions de vie et les pulsions de mort. Mais cette tension, qui constitue le cœur du long-métrage, est très appuyée avec des scènes répétitives dans lesquelles la tragédie semble se profiler.

Charlotte Wells coche toutes les cases du cinéma indépendant : des plans léchés, une esthétique arty, un maigre scénario qui se veut pourtant “profond”, un montage syncopé et une fragmentation de la temporalité pour symboliser l’émiettement des souvenirs égrenés au fil du film. 

Si le film parvient parfois à imprimer un spleen « sofia coppolesque » – on pense beaucoup à Somewhere -, il fait vite bâiller d’ennui le spectateur. Les scènes s’étirent ad nauseam jusqu’à dissoudre tous les autres enjeux ; les ellipses, où l’on aperçoit Sophie lorsqu’elle est plus âgée, n’apportent rien. Aftersun semble finalement manquer d’ambition en se contentant de suivre une ligne narrative en pointillé. Il s’enferme dans l’image d’un cinéma soucieux de cacher son indigence par l’implicite et l’esthétique.

Ismaël EL BOU – COTTTEREAU.

Aftersun, de Charlotte Wells, en salles depuis le 1er février 2023. Durée: 1h36.

Crédit photo : sarah-makharine.

 

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