L’immoraliste ou l’histoire d’un type sans moral

André Gide soulève, au tournant du XXe siècle par son roman L’immoraliste, une grande question : ne dit-on pas que la modernité a provoqué la chute de la morale ?

Le héros, Michel, est un personnage mollasson, d’une santé fragile et très inconstant. Il raconte à ses amis l’histoire de sa vie à la suite de sa maladie qui a engendré l’inversion de sa conscience morale. Il cherche à plaider son innocence. Michel ne veut se lier à aucun endroit et multiplie les voyages et les rencontres selon ses envies. Il n’accepte plus aucun sacrifice qui ne lui soit pas destiné et entraîne avec lui sa femme au fil de ses caprices et en dépit de la maladie croissante de celle-ci.

Des péripéties enfantines se succèdent, comme la rencontre avec un braconnier, témoignant à la fois d’un ennui et d’une spontanéité rare. Le rythme reste calme, paisible, malgré plusieurs drames. Le héros ne semble plus rien ressentir, rien ne l’atteint ni le touche si ce n’est lui-même. Son individualisme est aussi pudique que cruelle. Il va à l’encontre de sa société, méprise l’ordre établit et les conventions. Son immoralité s’exprime par une certaine inaction, un désœuvrement qui ronge son âme au point de la rendre inerte. C’est l’histoire d’un immoraliste prit par son oisiveté et sa passivité qui n’a plus aucun sens ni du mal ni du bien et qui cherche à tout prix à se divertir.

Jeanne BEAUDOUIN.

L’immoraliste, André Gide, 1902.

 

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