Lilian Thuram : « Nous devons tous pouvoir rêver »

Le champion du monde 1998 se bat depuis dix ans sans relâche contre les discriminations avec la Fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme. Il était invité au Mans, mardi 11 décembre, pour une conférence organisée par l’ESPE site du Mans et le groupe MGEN. Après la conférence à laquelle participaient, entre autre, des futurs enseignants, des éducateurs et des lycéens, l’ex footballeur s’est confié à vitav.fr

Votre fondation contre le racisme existe depuis 2008. Si vous deviez la résumer en quelques mots après ces dix années.
Je suis très heureux de constater que de plus en plus de personnes font le lien entre le racisme lié à la couleur de la peau, avec le sexisme, l’homophobie et les problématiques de religion. Les gens séparaient très souvent les différentes formes de discriminations, alors qu’elles reposent sur le même mécanisme. Et après dix ans, cela se fait plus volontiers.

Avez-vous prévu d’organiser plus de rencontres autour du sport comme des matchs ou des interventions dans les centres afin de combattre le racisme ?
La fondation n’a pas pour vocation de faire des matchs. Elle œuvre avant tout pour amener la réflexion autour de l’égalité dans tous les domaines, que ce soit dans les clubs de foot ou ailleurs.

Vous avez acquis une expérience dans le domaine sportif. Est-ce que le racisme vous a poursuivi dès votre plus jeune âge ?
Je ne dirai pas dès mon plus jeune âge, mais quand je jouais dans le club des Portugais de Fontainebleau, on me disait que je serai mal accueilli sous prétexte qu’ils étaient des « bourgeois » et que nous nous étions considérés comme des enfants « défavorisés ». Or, je ne me suis jamais considéré comme un défavorisé. Au final, j’ai rapidement constaté qu’il n’y avait pas de barrière entre les autres enfants et moi.

« Des enfants n’ont pas le droit de rêver, c’est injuste »

À quoi ressemblerait votre monde utopique ?
Mon monde utopique ? Je n’aime pas ce terme, car j’essaie d’être réaliste. Je fais en sorte de changer les choses et pour que chacun de nous puisse avoir le droit de rêver. Malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui : certains ne peuvent pas rêver car ils savent qu’ils ne pourront peut-être jamais atteindre ces rêves. Je pense que nous sommes dignes de construire notre futur. Cette réflexion ne concerne pas seulement pour la France, elle est mondiale. À quelques heures d’avions, des enfants n’ont pas le droit de rêver et cela n’est pas juste.

Propos recueillis par Lilian FREULON.

 

Remerciements à Lilian Thuram pour le temps accordé, ainsi qu’à l’ESPE et le groupe MGEN pour avoir facilité l’entretien.

 

Lilian Thuram a co-signé la bande dessinée Tous des super-héros (éditions Delcourt Jeunesse, 2 volumes) avec Jean-Christophe Camus et Benjamin Chaud.

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