Karine Tuil démonte les rouages de la culture du viol

Sélectionné sur la liste du prix Goncourt, le onzième roman de Karine Tuil impressionne par son intelligence. Une réflexion percutante sur les grandes questions qui hantent notre actualité, à commencer par les rapports hommes-femmes à l’ère de « MeToo ».

Inspiré de « l’affaire Stanford », le nœud de l’intrigue du roman « Les choses humaines » est centré sur le procès d’Alexandre, étudiant brillant, accusé de viol. Cette accusation va jeter un trouble sur la façade sociale éclatante de sa famille, les Farel.
Si la première partie déçoit un peu par son côté trop mécanique, le reste du récit est impressionnant. Karine Tuil embrasse les grands sujets de notre société d’une plume électrique et rythmée. En démontant les rouages complexes de la culture du viol et la notion de consentement, l’écrivaine vise juste.

Violence du territoire de l’intime, désir de revanche sociale…

Si certains l’accuseront de surfer sur la vague de « MeToo » par opportunisme, il n’en est rien. Karine Tuil se place du point de vue de l’agresseur et s’intéresse à la complexité des êtres. « Les choses humaines » est un roman aux multiples stratifications qui interroge également la violence du territoire de l’intime, le désir de revanche sociale, la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux.
Le lecteur est emporté par le souffle romanesque de ce texte remarquable, porté par une galerie de personnages fins et complexes (Claire, la mère d’Alexandre, essayiste féministe aux positions courageuses ; ou encore Mila, qui va sortir de son statut de victime en s’émancipant du conservatisme religieux).

Avec ce texte, Karine Tuil continue de construire une œuvre cohérente, ample et ambitieuse. Une œuvre qui se fait le miroir de notre société.

Ismaël EL BOU – COTTEREAU.
Les choses humaines de Karine Tuil (Gallimard, 342 pages).

Crédit : Francesca Mantovani – editions Gallimard.

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