Cyrano, la mort glorieuse du romantisme

Dans la pièce Cyrano de Bergerac (1897), Edmond Rostand met en scène le personnage au nez proéminent qui est rentré parmi les grandes figures des de la littérature française : il est le dernier combattant du mouvement romantique.

Un personnage à la fois sympathique, admirable, héroïque et pathétique

            « Enorme, mon nez ! » s’exclame fièrement ce mousquetaire lorsqu’un flatteur maladroit tente de le réduire. Un nez qu’il exhibe avec autant de panache que son épée dont il n’hésite pas à user devant ceux qui oseraient le défier. Un nez, cependant, qui l’empêche d’être aimé de sa cousine Roxane dont il est éperdument amoureux.

            Ce personnage charismatique, à la fois comique et tragique, obéit parfaitement aux nouvelles conceptions romantiques du théâtre décrites par Hugo dans sa préface de Cromwell : la liberté des vers et le mélange des registres. Car si le théâtre doit ressembler à la vie, il lui faut mélanger rires et larmes, qui ne font qu’un dans le monde.

            Inspiré de l’auteur du même nom, Cyrano occupe la scène à grand renfort d’escrime du fer et de la langue, faisant de lui un personnage à la fois sympathique, admirable, héroïque et pathétique. « Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !/ On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme. » nargue-t-il avant de se lancer dans une longue tirade pleine d’autodérision et de poésie, ridiculisant ainsi le vicomte qui l’insultait.

            Lorsqu’après nombre de luttes épiques, il tombe finalement sous le coup d’un bête accident, il meurt malgré tout avec panache, et avec lui l’expression du moi face au mal du siècle, le romantisme qui s’enterre sous le réalisme, le naturalisme et le symbolisme récent. C’est la fin d’un mouvement littéraire « Qui fut tout, et qui ne fut rien ».

Texte et illustration : Charlie PLES.

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