Jacques Blamont n’était pas géographe à l’origine. Il ne faisait pas non plus de politique. Il était scientifique, un des grands acteurs du programme spatial français. Né en 1926, mort en avril 2020, il laissa derrière lui un ouvrage de géopolitique : Introduction au siècle des menaces (2004). L’auteur y livre un regard sur notre siècle, non pas emprunt d’espoir factice, mais de pragmatisme.
Les différents phénomènes ne s’égalisent plus : ils se concurrencent
D’après Blamont, le monde du XXIe siècle a une caractéristique : il va vite. Chaque indicateur est en croissance permanente : production, armement, recherches dans tous les domaines… Les différents phénomènes qui agitent la Terre ne s’égalisent plus : ils se concurrencent en vitesse. Le monde effectue, face aux crises qu’il subit, une fuite vers l’avant.
L’auteur insiste sur le fait que pris un par un, les dangers qui menacent le XXIe siècle ne sont pas un problème. La prolifération des armes nucléaires, le réchauffement climatique, la crise alimentaire, les épidémies à venir… C’est la « conjonction des dangers » qui rend ceux-ci réellement menaçants.
L’auteur refuse de se montrer hypocrite face à notre avenir
Le plus troublant dans l’essai de Blamont est certainement sa fin. L’auteur se refuse à livrer un message d’espoir, ou même des solutions. Il considère l’avenir de l’humanité incertain. Le livre s’achève ainsi : « Seule porte de sortie ouverte à nos enfants : enfiler une combinaison […] afin de sentir, voir et toucher virtuellement, avaler une bonne dose d’euphorisants et partir chaque week-end pour le pays des songes avec la star préférée, là-bas sur une plage d’avant la sixième extinction, les yeux rivés aux écrans du casque, les volets fermés, sans passé et sans avenir ».
L’ouvrage est à la fois intéressant et complexe du fait de son approche scientifique des thématiques géopolitiques actuelles. Il offre une vision originale, et sans concession, d’un XXIe siècle qui ne fait que commencer.
Introduction au siècle des menaces, Jacques Blamont, 2004, Éditions Odile Jacob, 550 pages.
Texte et photo : Mathis POUPELIN.