Ubu roi : une hâtive provocation

C’est en 1896 qu’Alfred Jarry fait paraître pour la première fois Ubu roi, dans une revue, avec l’envie de « provoquer ». Le 10 décembre 1896, jour de la première représentation de la pièce, les premières répliques font scandale et les projectiles pleuvent sur les fauteuils d’orchestre. C’est la preuve que cette pièce qui mélange provocations, moqueries et décalages est réussie, bien que très hâtive.

Une provocation

L’auteur ne s’en cache pas, son but était de faire scandale, mais aussi de « mener à la liberté » et d’ « inciter à sortir des sentiers battus de la pensée ». Il souhaitait tourner en ridicule les tyrans obnubilés par l’argent et le pouvoir, qu’absolument rien ne peut arrêter, pas même le fait de « massacrer toute la famille et [se] mettre à leur place ».

L’auteur vient donc utiliser de nombreuses vulgarités et créer des situations loufoques, emmenant le lecteur dans un univers atypique, hors du réel tel qu’il est habituellement représenté au théâtre, situation alors inimaginable à la fin du XIXe siècle.

La pièce est par conséquent assez drôle, notamment quand le Père Ubu s’excuse de faire mal durant la guerre ou que le dramaturge, pour ne pas se compliquer la tâche, écrit que les personnages présents lors de la scène 4 de l’acte II sont « Les mêmes », sous-entendu « les mêmes que la scène 3 ».

Un style extrêmement rapide et parfois archaïque

Si la pièce en elle-même ne comptabilise qu’une centaine de pages, elle met en scène, notamment, un coup d’État, un pillage de tombeau, des centaines d’exécutions, une guerre… Dès lors, les passages sont très rapides, presque hâtifs, voire expéditifs dans certains cas.

Cela rend la lecture parfois compliquée, pas non plus facilitée par l’utilisation ponctuelle d’archaïsmes et de néologismes (« estes », « assom’je »).

Ubu roi reste toutefois une bonne lecture pour rire de soi, mais aussi, et surtout, pour rire des autres.

Texte et photographies : Julian ATZENHOFFER.

Ubu roi, 1896, Alfred Jarry, publié par Gallimard dans la collection « La bibliothèque Gallimard », 210 pages (dont la moitié de dossier).

*Les citations sont toutes issues de l’œuvre d’Alfred Jarry Ubu roi.

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