Steffi Niederzoll : « Nos droits sont précieux »

Steffi Niederzoll vient de réaliser son premier documentaire, Sept Hivers à Téhéran. Le film revient sur l’affaire Reyhaneh Jabbari, une jeune iranienne condamnée à mort en 2014 pour avoir tué un homme en légitime défense. Vitav a pu rencontrer la cinéaste allemande lors d’une avant-première, à Rennes.

En quoi le travail documentaire est différent d’une fiction ?
Quand j’ai commencé à travailler sur ce documentaire, il était clair que cette histoire était importante. J’avais donc une approche beaucoup plus confiante par rapport à mes fictions, dont j’écris les scénarios.

Qu’est-ce qui vous a amenée à faire un film à propos de cette affaire ?
Des proches de Reyhaneh m’ont proposée de faire un documentaire avec leurs vidéos clandestines. J’ai d’abord hésité : je suis Allemande, je ne parle pas persan, je ne suis jamais allée en Iran…

J’ai alors fait la connaissance de Shole, la mère de Reyhaneh. Je me sentais très proche d’elle après le visionnage des vidéos. C’est elle qui m’a convaincue de faire ce film.

« Le film parle d’abord des violences sexuelles, un sujet universel »

Cette histoire a-t-elle changé votre perspective à propos de la lutte pour les droits des femmes ?
Le film parle d’abord des violences sexuelles, qui est un sujet universel, mais aussi de l’oppression des femmes en Iran, basée sur la loi. Je me suis demandée comment il était possible que cela existe toujours. Cette histoire m’a fait prendre conscience que les droits que nous avons sont précieux.

« L’objectif de ce film n’est pas de diviser les gens, mais de critiquer un système »

Quelle a été la réaction de la famille en voyant Sept Hivers à Téhéran ?
Le visionnage a été très émouvant, surtout pour Shole. Ce que nous voyons comme des morceaux du film ont un sens bien plus fort pour elle. Depuis la sortie du documentaire, elle va mieux. Je pense qu’elle a porté seule, pendant des années, le poids de lutter pour Reyhaneh et de partager son histoire au monde. Maintenant, chaque spectateur prend une petite part de ce poids avec elle. 

Vous avez gagné le Prix pour la Paix au festival de la Berlinale. Quel est votre ressenti ?
J’en ai encore des frissons. L’objectif de ce film n’était pas de diviser les gens, en désignant qui a raison et qui a tort, mais plutôt de critiquer un système. Ce prix reconnaît l’émancipation d’une femme qui a donné sa vie pour sa dignité.

Propos recueillis et traduits par Lilou RICHARD.

Sept Hivers à Téhéran est en salles depuis le 29 mars 2023. Durée : 1h37. Au Mans, il est projeté aux Cinéastes.

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