Pour ceux qui s’intéressent à la littérature du XVIIème siècle et en particulier au théâtre classique, Morales du grand siècle, une œuvre critique de Paul Bénichou, en offre une analyse intéressante.
Si vous n’êtes pas un grand habitué des essais critiques, vous appréhendez peut-être la lecture d’un tel ouvrage. Rassurez-vous, il se lit très bien, et il n’est pas nécessaire d’avoir lu toutes les pièces du théâtre classique pour l’apprécier. Les lectures de Phèdre, du Cid, d’Andromaque, d’Amphytrion, de Don Juan et des Précieuses Ridicules devraient suffire, puisque ce sont celles sur lesquelles Bénichou s’attarde le plus (et encore, on peut aussi comprendre le livre sans les avoir lues).
Bénichou propose une analyse sociologique des pièces classiques
Le spécialiste de l’histoire de la littérature se rattache au mouvement de la Nouvelle critique du milieu du XXème siècle, qui a tendance à rompre avec la méthode critique traditionnelle qui analysait les œuvres en rapport avec l’histoire littéraire globale. Bénichou a tendance, lui, à observer les œuvres par le prisme de leur contexte culturel et politique, se rapprochant ainsi de la critique sociologique.
Un récit agréable et fructueux
Ainsi étudie-t-il dans cette œuvre Corneille, Pascal et les autres auteurs jansénistes*, Racine et Molière, en vue de dessiner une évolution de la morale durant le Grand siècle, ou l’absolutisme monarchique plaçait la noblesse dans une position difficile, entre dépendance et révolte. Un contexte politique qui mène à un renversement moral ; l’autorité de la morale chrétienne bascule vers une morale de la soumission nécessaire à l’autorité, de l’absolutisme mais aussi de la nature, ce qui conduit à une libération des passions et du désir, dirigés par l’instinct naturel.
Morales du grand siècle est donc une lecture agréable et fructueuse qui permet de redécouvrir les grandes figures du théâtre classique.
Texte et illustration : Charlie Plès.
*janséniste : Personne qui fait preuve d’une rigueur excessive dans ses idées.