Marion Croiseau est professeure documentaliste au collège Belle-Vue, à Loué, dans la Sarthe. Elle donne des cours d’éducation aux médias à des élèves de 6ème et 5ème et propose une intervention interactive avec deux classes de 4ème sur la manière dont ils s’informent. L’enseignante donne son ressenti sur le rapport des collégiens avec l’information.
« La presse écrite et la radio sont en déclin »
Comment les jeunes s’informent-ils en 2021 ?
Je sais plutôt comment ils ne s’informent pas, la presse écrite tout comme la radio sont en déclin. Au CDI, je suis abonnée à Ouest France et à Mon quotidien et ils ne les lisent quasiment pas. Nous avons un projet « classe presse », mais ils choisissent de s’informer via leurs entourages. Pour eux, l’interaction est cruciale.
Pensez-vous que l’interaction est cruciale pour comprendre parfaitement l’information ?
Tout dépend des familles et du décodage des médias par les parents. Mais je pense que c’est important surtout pour les plus peti(primaire, collège). Après, plus ils grandissent et avec la maturité, ils peuvent se faire un avis sur les médias, surtout au niveau politique.
« La jeunesse comme la population est inondée d’information »
Quel est l’impact de la situation actuelle de crise sanitaire sur la jeunesse et l’information ?
La jeunesse, comme la population, est inondée d’informations. Ce n’est même plus une question de compréhension, mais nous pouvons parler de surinformation. J’ai travaillé sur les « fakes news » sur Internet à propos du COVID-19 avec des 5èmes et je me suis vite rendu compte qu’ils ne discernaient absolument pas le vrai du faux.
Comment pouvons-nous sensibiliser davantage les jeunes à l’actualité ?
Il faut faire de l’éducation aux médias, c’est ce qu’on appelle l’EMI (l’Éducation aux Médias et à l’Information). Depuis 2013, ce cours est censé être intégré dans les programmes scolaires, surtout ceux d’EMC (Enseignement moral et civique) avec les professeurs d’Histoire-Géographie. Pourtant, les vraies spécialistes de la science d’information et de la communication sont les professeurs documentalistes, mais nous avons les élèves seulement deux années sur quatre.
« La télévision occupe une place importante, surtout le journal de 20h »
Est-ce que vous pensez que les jeunes peuvent se passer des médias d’information ?
Non, je ne pense pas que l’on peut se passer des informations surtout dans le contexte actuel, aujourd’hui la télévision à une place importante, notamment le journal de 20h. Le plus important est d’avoir des critères pour « trier » l’information, entre tous les médias. Il y a des infos différentes mais il existe toujours une confiance dans les médias traditionnels.
Depuis le début de la crise sanitaire de 2020, les jeunes de 11 à 17 ans s’intéressent de plus en plus aux médias. Ils veulent comprendre l’environnement dans lequel ils vivent en s’informant eux-mêmes, mais ils ont également besoin du dialogue avec leurs entourages pour comprendre une actualité parfois complexe.
Propos recueillis par Adhéma LUNEL.
Photos : Adhéma Lunel.