Poor Things : sortez de la caverne

2024 touche doucement à sa fin. L’occasion pour Vitav de revenir sur les films salués qui ont ponctué l’année cinématographique. Le webzine vous propose aujourd’hui de (re)découvrir Poor Things (Pauvres créatures) à travers une critique de l’oeuvre de Yórgos Lánthimos. 

Fermez les yeux. Fermez les yeux et surprenez-vous à imaginer un être complexé, dépourvu de tout libre-arbitre. Fermez les yeux et imaginez une toile blanche, malléable à souhait et prête à recevoir le premier coup de pinceau qui sera annonciateur d’une centaine d’autres. En d’autres termes, imaginez une pauvre créature, soumise à une entité toujours plus imposante et contraignante. Ouvrez les yeux. Vous voici devant Bella Baxter. Ou plutôt, devant ce qu’elle n’est pas. Coincée dans un corps qui ne lui appartient plus, Bella (campée par l’excellente Emma Stone) répond en tout point aux différentes attentes de son créateur, le prestigieux Docteur Godwin (interprété ici avec brio par William Dafoe) à un détail près : enfermée dans sa prison fantastique, Bella est libre.

Toile vierge en quête de sens(ations), l’enfant-femme débutera une épopée dystopique et nécessaire.

Empathique et pourtant impitoyable

Réalisé par Yórgos Lánthimos, Poor Things fait partie de ces films que l’on ne parvient pas à ranger dans une case. Inconventionnel, empathique, provocateur et pourtant impitoyable, ce chef-d’œuvre plante son décor dans une société où les femmes sont perçues comme des créatures frankensteiniennes malléables au bon vouloir de leurs créateurs. Lánthimos donne vie à un personnage si libéré qu’il en est dérangeant.

Le personnage de Bella Baxter marque les esprits

Incorrigible Candide dans un monde qui ne l’est pas, le personnage de Bella Baxter marque les esprits et fait impression sur nos usages et coutumes. En effet, si celui-ci dérange tant, est-ce par son comportement affranchi de toute pudeur ? Ou est-ce en réalité car il nous renvoie aux travers d’une société complexée et complexante qui se nourrit de la peur et de la honte des femmes?

Une créature fragile, instable et terriblement apeurée

En permanence accompagné par des figures masculines avides d’ascendance, le personnage de Bella Baxter incite le spectateur à sortir du mythe de la caverne défendu par Platon et à s’émanciper de toute forme d’ignorance et d’oppression.
Ainsi, si Poor Things dresse bien le portrait d’une pauvre créature fragile, instable, et terriblement apeurée, il ne s’agira pas ici de Bella…

Romane PICHON.

« Poor things/Pauvres créatures », par Yórgos Lánthimos, 2024. Durée : 2h21. Actuellement disponible sur Canal + et sur les plateformes de VOD.

 

 

 

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