Découvrez la vie d’Oscar, un enfant intriguant et intrigué, dans ce récit fantastique présenté par Charlie PLÈS. Des extraits seront publiés périodiquement dans Vitav.
Oscar marchait tranquillement dans l’herbe humide du grand pré, immense jardin. Il adorait sentir la douceur des brins qui chatouillaient ses pieds nus, le vent qui faisait danser ses cheveux noirs et qui portait son rire cristallin pour le faire voyager là-bas, au-delà de tout ce qu’Oscar connaissait ; au-delà de la terrible frontière de la forêt de sapins, au fond du pré ; au-delà des clôtures de fils de fer barbelés qui retenaient les vaches paisibles (et le paisible Oscar) ; au-delà de la porte de la maison, qui ne s’ouvrait que lorsque se fermaient les yeux. Ce pré et la maison, c’était son monde, son jour et sa nuit. Oscar adorait le grand pré : c’était vaste, clair, et beau, et il y faisait bon, comme dans le ventre d’une mère. Il aimait bien aussi les vaches, ces gentilles bêtes à l’air un peu « con », comme disait Papa, même si une fois, Oscar avait marché dans une bouse et en avait mis partout sur le carrelage en rentrant à la maison. Il avait été puni. Il ne se souvenait plus comment. Oscar aimait bien la pluie, aussi. Ça faisait du bien, la pluie, et c’était beau aussi ; le chant de l’eau s’écrasant sur l’herbe ; les sapins interdits, au loin, qui s’agitaient comme les démons qu’Oscar imaginait habiter la forêt ; ce ciel obscur qui tombait, tombait, et la verdure qui tentait de lui résister… Papa aimait beaucoup les films de guerre, mais, de l’avis d’Oscar, les meilleures batailles étaient celles que se livraient la terre et le ciel. De toute façon, il ne pouvait pas voir les films de Papa. Ce n’était « pas pour lui ».
Mais aujourd’hui, il ne pleuvait pas. Même, le soleil illuminait tout le ciel, obligeant Oscar à plisser les yeux. Il n’aimait pas trop ça, ça lui rappelait cette fois où il n’arrivait plus à ouvrir ses paupières, et où il était obligé d’avancer sans rien voir. Cela ne lui était arrivé que de nuit, sous le ciel de son crâne, mais Oscar ne savait pas trop distinguer ce qui se passait dans sa tête et ce qui se passait « vraiment » (comme le prétendait Angèle).
Charlie PLÈS.
Rendez-vous le mercredi 20 mai 2020 pour la suite d’Oscar tombe dans le ciel !