Oreille rouge, un mauvais poète en Afrique

Eric Chevillard est un critique et écrivain qui aime à se moquer de la littérature ; la parodie est son genre de prédilection. Avec Oreille rouge, c’est au récit de voyage que s’attaque Chevillard. Un roman bref et incisif à l’humour acéré et efficace !

Un écrivain est invité en résidence d’écriture au Mali ; d’abord effrayé à l’idée de ce voyage, il s’imagine bientôt en aventurier, habitué aux us et coutumes de tout un continent dont il ignore tout mais dont il n’hésite pas à mobiliser toutes les idées reçues avec une prétentieuse ignorance.

Notre héros se lance alors à l’aventure, dans l’espoir d’écrire un grand poème sur l’Afrique, mieux, son poème sera l’Afrique même, toute entière contenue dans sa prose !

Stupide, naïf, obtus, imbus de lui-même, persuadé de connaître l’Afrique mieux que ses habitants, le personnage de Chevillard parvient à réussir l’exploit d’agglutiner à lui seul tous les défauts de l’esprit, se dressant en une caricature grotesque mais parfaitement réalisé des lettrés ou universitaires aux grandes ambitions de poètes qu’ils font invariablement échouées dans leur triste mine (ou plume, c’est plus grandiose !).

On trouvera dans ce livre une ode à la girafe, à l’hippopotame et au lion, mais surtout une satire du regard de l’intellectuel occidental sur l’Afrique, et plus généralement, sur tout sujet qu’il aimerait prétendre maîtriser, et dont il désire la connaissance bien avant l’apprentissage.

On rit presque à chaque page, le cynisme de Chevillard, qu’on trouve dans ses meilleurs critiques littéraires, est également au rendez-vous dans ce petit roman intelligent qui a l’audace de ne prétendre à rien.

Texte et illustration : Charlie PLES.

Oreille rouge d’Eric Chevillard est paru en 2005. 158 pages.

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