Ocampo, poétesse du fantastique métaphysique

Silvina Ocampo est une nouvelliste et poétesse argentine, proche de J.L. Borges. Ce sont trois de ses recueils de nouvelles qui sont réunis dans Faits divers de la terre et du ciel. Les amateurs de récits brefs, de fantastique, de réalisme magique et de prose poétique s’y retrouveront tout à fait.

Ocampo n’aime pas beaucoup les romans qui s’étendent en longueur, aussi privilégie-t-elle le récit bref, la nouvelle, dont le format est étonnamment prolixe en production fantastique. Il faut entendre par fantastique non pas un genre mais un sentiment d’effarement face au réel qui devient soudain ambigu, trouble et inquiétant, incompréhensible.

Les nouvelles d’Ocampo sont en effet hantées par ce sentiment d’inconnu au sein même du familier. Les intrigues sont souvent simples, voire inexistantes ; Ocampo fait de sa prose poétique l’acteur même du récit, et la source du sentiment d’étrangeté.

Ce lien entre langage, écrit, et sentiment étrange d’irréalité au sein d’un univers familier se retrouve particulièrement dans la nouvelle « Le journal de Porfiria Bernal », où une petite fille se révèle être capable d’écrire l’avenir dans son journal ; le prévoit-elle ou le fait-elle advenir ? Dans ce cas, que penser des évènements tragiques qui se produisent après leur inscription dans le journal de l’enfant ?

L’écrit est un motif qui revient régulièrement chez Ocampo comme source de trouble et de défiguration du réel, ce qui est, selon le chercheur et théoricien Denis Mellier, la caractéristique principal du fantastique.

La lecture de ce recueil n’est pas toujours aisée et demande une certaine concentration ; mais c’est un vrai plaisir que de papillonner d’une nouvelle à l’autre, pour plonger dans ces chemins ouverts entre le ciel et la terre, dans le nulle part particulier d’une poétesse.

Texte et illustration  : Charlie PLES.

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