En 2006 décède André Schwarz-Bart, écrivain juif consacré par le prix Goncourt en 1959 pour son roman Le Dernier des Justes. Le journaliste Yann Plougastel recueille auprès de l’écrivaine antillaise Simone Schwarz-Bart, son épouse, l’histoire de ce couple, publiée dans Nous n’avons pas vu passer les jours en 2019.
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Yann Plougastel raconte dans l’avant-propos sa rencontre avec l’œuvre d’André Schwarz-Bart et son intérêt pour cet auteur demeuré mystérieux, disparu de la scène médiatique après la publication de son roman La mulâtresse Solitude. Simone Schwarz-Bart prend ensuite la plume pour retracer l’évolution de ce couple d’écrivains depuis leur rencontre coup-de-foudre.
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La genèse de deux œuvres entremêlées
Mais si Simone Schwarz-Bart fait le récit de son enfance et de celle de l’homme qui devient par la suite son époux, c’est surtout leur naissance en tant qu’écrivaine et écrivain qu’elle décrit. Leurs histoires s’entrecroisent alors qu’André Schwarz-Bart travaille sur son premier roman. C’est l’horreur de la Shoah qui le conduit à se tourner vers l’écriture pour questionner le sens de l’existence juive. L’écrivain incite d’ailleurs son épouse à se pencher sur le passé esclavagiste des Antillais. Simone s’approprie ainsi cette piste qu’elle explore par la suite dans ses propres œuvres.
Une passerelle littéraire jetée entre deux histoires
L’écrivaine souligne l’entrelacement de leurs œuvres littéraires qui interrogent, à travers leurs textes, le destin de leurs peuples respectifs : les Juifs et les Noirs. André Schwarz-Bart, qui perçoit chez les Antillais un héritage historique douloureux lui rappellant celui des Juifs, a en effet l’intuition d’une possibilité de compréhension et compassion entre ces deux peuples. Après l’écriture d’un roman sur le destin des Juifs, l’auteur se lance donc dans le projet d’un cycle antillais, auquel participe son épouse. Mais ce projet ne rencontre pas l’approbation du public.
L’hommage d’une épouse à un écrivain incompris
Deux ans après la mort de son époux, Simone Schwarz-Bart trouve le courage de se plonger dans les textes qu’il a laissés derrière lui. Face à l’incompréhension à laquelle se sont heurtés ses romans, André Schwarz-Bart avait entrepris de les détruire. En faisant publier les récits qu’elle s’est efforcée de reconstituer, Simone Schwarz-Bart perpétue l’œuvre de son époux et constate la reconnaissance à laquelle ses romans, ayant suscité des controverses lors de leurs parutions (pour ceux publiés de son vivant), ont désormais droit.
Texte et photos : Alex ALIX.
Simone Schwarz-Bart et Yann Plougastel, Nous n’avons pas vu passer les jours (2019), Grasset, 199 pages.