L’un des plus gros succès de Paul Auster ne démérite pas. À mi-chemin entre le Salinger de L’Attrape-Coeurs et certains romans de Stephen King, Auster propose un conte fantastique et social avec Mr. Vertigo (1994).
C’est dans cette proximité entre l’imaginaire et la peinture sociale pessimiste des États-Unis que l’œuvre se rapproche du style de Stephen King. Mais il ne s’agit pas d’horreur chez Paul Auster. On est tantôt du côté du conte merveilleux, tantôt du côté du roman picaresque, mais un picaresque à la Dickens.
Un apprentissage de la vie
Le très jeune Walter Rawley est repéré par Maître Yehudi pour devenir le nouveau Prodige. Il lui apprend à voler aux côtés de Maman Sioux, Ésope et Mlle. Witherspoon. Mais très vite les temps idylliques du début du roman s’assombrissent.
Walt avait tout, et perdra tout, à l’image des Etats-Unis lors du crash boursier de 1929. C’est l’apprentissage de la vie à travers le rêve américain, un chemin en montagne russe.
Conte magique et souffrance inimaginable
L’élévation magique dont est capable Walt le fera devenir Mr. Vertigo lorsque les répercussions de cette faculté se feront sentir par d’intolérables migraines. Le jeune Prodige incarne à lui seul le conte magique de l’ambition à l’américaine qui plie face à la réalité, dans une souffrance inimaginable.
À la fin, il ne reste que la tendresse pour se replier au creux des souvenirs, du passé, du bonheur dont on retient les miettes dans son poing, parce que cela vit encore.
Texte et illustration : Charlie PLÈS.
