La Contre-histoire de la philosophie de Michel Onfray (2015) est une œuvre formidable qui permet d’apprivoiser la philosophie sous un tout autre angle que celui qu’impose le cadre scolaire, et donc peut-être, d’en réconcilier certains avec cette discipline incomprise.
Au lycée, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas l’intérêt de la philosophie ; il ne s’agirait que de se poser des questions incompréhensibles sur des sujets étrangers à la vie réelle. Michel Onfray explique que cette impression est due à ce que la philosophie enseignée n’aborde qu’un angle de la philosophie, que l’auteur distingue en deux « camps » : les idéalistes et les matérialistes.
Les idéalistes seraient ces philosophes éloignés de la vie qui chercheraient à atteindre le réel par une forme de transcendance, et donc, une distanciation nécessaire prise entre l’âme pensante et le corps soumis à ses pulsions. C’est cette philosophie dominante, celle des « vainqueurs », qui est enseignée et que l’on retient dans l’histoire de la discipline. Les matérialistes, en revanche, construisent une philosophie basée sur une étroite relation entre corps et esprit, une pensée qui renoue avec la matérialité, l’expérience, la vie. Ce sont ces penseurs, méconnus et réprimés, que Michel Onfray expose dans sa contre-histoire.
Ainsi, cette œuvre peut-elle être appréciée par tous, tant par les passionnés de philosophie qui découvriront des auteurs dont le nom et les idées leur paraîtront inédits, que par les novices qui souhaitent découvrir la philosophie ou bien se réconcilier avec elle. En effet, nul besoin d’avoir étudié la philo avec acharnement pour comprendre le propos d’Onfray, qui prend le temps d’expliquer les thèses de ses philosophes comme celles de leurs adversaires ; les bases que l’on acquiert en terminale suffisent dans la plupart des cas à comprendre l’auteur.
À lire donc absolument, pour donner l’élan à sa pensée ou pour la faire s’envoler.
Charlie PLÈS.
Illustration : Charlie Plès.