Missak Manouchian, et son épouse Mélinée, sont entrés au Panthéon de Paris le 21 février 2024, sur décision du Président de la République. Le poète et militant arménien a occupé une place importante dans l’histoire de la France. Le monument historique a décidé de créer une exposition dans la crypte du Panthéon, près du caveau où sont enterrés les Manouchian, pour leur rendre hommage.
Du génocide des Arméniens à la France du Front Populaire
Plus de la moitié des Arméniens sont morts dans le génocide de 1915. Missak Manouchian, né à Adyiaman, en Anatolie, en 1906, devient orphelin. Après être arrivé en France en 1924, il rejoint le parti communiste en 1934 au moment du Front Populaire. C’est dans ce contexte qu’il rencontre Mélinée Assadourian, elle aussi orpheline du génocide. Il sollicite la naturalisation française en 1940. Mais c’est trop tard : la France se replie sur elle-même.
La Résistance au procès de l’Affiche rouge
Missak Manouchian veut défendre la France contre le nazisme, il rejoint les FTP-MOI* parisiens en février 1943. Les actes de résistance commencent. Menées à Paris, ils sont spectaculaires et très importants. L’influence sur l’opinion française et l’insécurité qu’ils imposent à l’occupant Allemand sont cruciaux et fondamentaux. Mais un certain procès va décimé ce groupe.
Le procès de l’Affiche rouge
Cette affiche de propagande allemande de mars 1944 servait à discréditer la résistance, aux yeux de la population française. Vingt-deux hommes et une femme sont condamnés à mort en 1944 par un tribunal allemand. Les nazis accompagnent le jugement d’une campagne xénophobe, anticommuniste et antisémite. Les dernières lettres de ces combattants, profondément émouvantes, témoignent aussi de leur engagement de résistants communistes étrangers, résolument attachés à la France qui les a accueillis. « Vive la France », écrivent-ils pour la plupart, ou lancent-ils au moment de leur exécution.
L’entrée dans la mémoire collective
Après la guerre, les combattants étrangers ne sont pas oubliés. Ils le doivent aux poètes Paul Eluard et Louis Aragon qui font entrer le poète résistant Missak Manouchian dans la mémoire collective des Français. La mention « Mort pour la France » n’a pas été accordée tout de suite à ces résistants, il a fallu attendre 1971 pour Missak Manouchian. Le 18 juin 2023, un communiqué de la présidence de la République annonce sa panthéonisation et les honneurs aux 23 résistants du procès de l’Affiche rouge.
Texte et photos : Clément TERRASSE.
*FTP-MOI : Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre Immigrée.
« Vivre à en mourir. Missak Manouchian et ses camarades de Résistance au Panthéon », exposition visible jusqu’au 8 septembre 2024 dans la crypte du Panthéon de Paris.
Tarif inclus dans l’achat d’un billet visite pour le Panthéon, gratuit pour les moins de 26 ans. Tout public. Horaires : 10h-17h45.
Pour plus d’informations : site du Panthéon de Paris.