Vendredi 5 septembre 2025, Marina Foïs était invitée au cinéma Pathé Le Mans (Sarthe) pour la projection en avant-première de Moi qui t’aimais, nouveau film de Diane Kurys dans lequel la comédienne partage l’affiche avec Roschdy Zem. Ce biopic explore la relation tumultueuse entre Simone Signoret et Yves Montand, couple légendaire du cinéma français. Avant de rencontrer le public, l’actrice s’est longuement confiée sur son jeu.
Comment avez-vous été convaincue par le projet ?
J’aime le cinéma de Diane Kurys, elle porte un regard très intéressant sur les femmes, le sentiment amoureux et la relation. D’autre part, j’admire Simone Signoret depuis l’adolescence, elle est pour moi une référence en tant qu’actrice, mais surtout, en tant que femme intelligente, éloquente et moderne. Enfin, l’exercice du biopic est très spécifique, car il pose la question de l’incarnation, de l’imitation, de l’évocation et de la distance. La technique sur le jeu est un travail très intimidant, mais aussi très excitant. Je voulais au moins en faire un dans ma carrière.
“Simone était ma chanteuse de rock, j’avais un poster d’elle dans ma chambre” (Marina Foïs)
Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle ?
Je l’aime énormément Simone, mais lorsqu’on aime très fort quelqu’un, l’idée d’être en dessous de la réalité est insoutenable. Cependant, l’imiter ne me convenait pas, je m’étais dit que les nombreuses choses en commun avec elle suffiraient pour l’évoquer. Je me suis beaucoup documentée (films, livres, interviews). Nous voulions quelque chose de naturel, j’ai donc eu des prothèses de corps et une perruque de cheveux gris. Puis, je me suis rendue compte qu’il fallait que je fasse un travail sur sa voix et son rythme. Je me suis vraiment enfermée avec elle, en immersion totale. J’ai trouvé une manière de « bricoler » Simone, je n’ai pas trouvé de méthode qui convienne, j’ai trouvé des aménagements.
Pensez-vous qu’après 50 ans, les actrices soient hors circuit ?
Les 50 ans des actrices ne sont pas les 50 ans des autres femmes, parce qu’il y a beaucoup de soins apportés à nos silhouettes. Cependant, en France, je crois que dans le sillage de Deneuve ou de Huppert, on peut faire des carrières qui tiennent et qu’il y a beaucoup de metteurs en scène qui écrivent de beaux rôles pour des femmes de mon âge et donc de l’âge de Signoret à l’époque du biopic. Par ailleurs, une des choses qui m’intéresse chez l’actrice qu’est Simone, c’est l’acceptation de donner une image d’elle qui est vraie, elle n’a pas mené la quête vaine de l’éternelle jeunesse.
“Moi ça me plaît d’avoir un homme qui plaît” (réplique de Simone Signoret, Moi qui t’aimais)
Quel est le message fort de ce biopic ?
Diane Kurys a décidé de poser sa caméra dans l’intimité tourmentée du couple Signoret Montand. Ils ont chacun puisé dans l’énergie de l’autre. Le film interroge donc sur ce que l’on doit faire avec ce qui reste de l’amour, de la jeunesse, de la passion, du désir, de la carrière, de la beauté, de l’engagement, …
« Simone Signoret m’a rendue un peu plus courageuse en tant qu’actrice »
Comment s’est déroulé le travail avec Roschdy Zem ?
Nous sommes amis dans la vie, donc je savais qu’il serait un Montand formidable, car il dispose d’une certaine sobriété, mais aussi, d’une faconde qui peut convenir à Montand. Ce film nous parlait, car Roschdy et moi sommes un couple d’acteurs, même si nous ne sommes pas ensemble dans la vie. Notre amitié était également un plus pour faire vivre ce projet.
Comment êtes-vous sortie de cette expérience ?
Je pense que la difficulté de l’exercice m’a rendue plus audacieuse. Je n’ai plus besoin de savoir à l’avance comment jouer une scène pour la jouer. J’ai assumé de ne pas savoir et de m’abandonner totalement. Je pense que Simone Signoret m’a rendue un peu plus courageuse en tant qu’actrice.
Propos recueillis par Maéva VALLÉE PINOT.
Photos : DR.
Moi qui t’aimais de Diane Kurys. En salle le mercredi 1er octobre 2025. Durée : 1h58.