Si Emile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.
Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.
Avec La Terre (1887), le naturalisme zolien s’affirme comme une forme de réalisme qui insiste sur la bassesse et le crasseux jusqu’à tendre, en fait, au grotesque.
Jean Macquart, fils d’Antoine Macquart, après avoir été soldat dans les conquêtes napoléoniennes, se met au vert, et s’installe à la campagne. Si Jean est un des personnages les plus sympathiques de la saga car dénué de véritable tare, l’environnement dans lequel il va évoluer, au contraire, est pourri par l’avarice et la bêtise.
La tendance à la caricature de Zola s’est rarement mieux exprimée que dans La Terre, où est dépeint un monde paysan très sale, aux vices nombreux, aux pulsions non contenues, et aux fermiers guère plus louables que les requins de la finance.
Succession de tableaux de beuverie, de scènes de famille, de viols, de trahisons et de vulgarité
Le Père Fouan distribue ses terres à ses trois enfants en échange de quoi ils doivent le prendre en charge, tache dont ils se préoccupent peu ; Hyacinthe préfère boire, Fanny le méprise et Buteau lui suce sa fortune, sans parler du crime odieux qu’il perpétue à l’aide de sa femme Lise contre la sœur de celle-ci, Françoise, mariée à Jean qui menace ainsi une partie de l’héritage du père Fouan.
Le roman est une succession de tableaux de beuverie, de scènes de famille, de viols, de trahisons et de vulgarité. La pauvreté règne, mais l’argent fait tout de même sa loi dans le cœur des hommes. Un des romans les plus pessimistes de Zola donc ; là où dans Germinal il louait le courage des mineurs, Zola n’exprime ici qu’un terrible dédain pour la paysannerie. Seul Jean échappe au massacre des caractères.
Texte et illustration : Charlie PLES.