Si Émile Zola est retenu comme l’un des plus grands écrivains français, c’est principalement pour sa fresque romanesque les Rougon-Macquart, saga de vingt volumes retraçant l’histoire d’une famille sous le second empire, où se mêlent enquêtes journalistiques et sociales, destins tragiques, lyrisme et même fantastique. Un chef d’œuvre d’une richesse inépuisable.
Découvrez chacun des tomes de ce grand-œuvre à travers cette série de chroniques.
Définitivement le plus singulier des Rougon-Macquart, qu’on pourrait rapprocher tout de même avec La Faute de l’abbé Mouret, puisqu’il aborde le thème de la religion et du mysticisme. Cependant, si l’abbé Mouret, après un séjour au paradis avec Albine, revient brusquement à la réalité, ici Le Rêve ne cesse jamais, et finit par ressembler à un conte de fée.
Le plus singulier des Rougon-Macquart
Angélique, sorte de Cosette, fille abandonnée de Sidonie Rougon, se fait adoptée par les Hubert, brodeurs très croyants qui prendront soin d’elle. Angélique tombe amoureuse de Félicien qu’elle voit comme l’incarnation d’un saint, et le refus de leurs parents respectifs à consentir à leur mariage la mène à une souffrance terrible qui convaincra les parents à céder à leur bonheur, qui sera bref mais intact.
Le Rêve est assez déconcertant, et on oublie très vite qu’on lit un volume des Rougon-Macquart, tant les évènements s’enchaînent avec aisance. La réalité brute du naturalisme zolien cède à un onirisme plus qu’optimiste, carrément utopique. Les personnages sortent tous d’un conte de fées, incarnant un archétype dont ils ne se détacheront pas, a contrario des nombreux personnages contrastés des précédents volumes.
Déconcertant, les évènements s’enchaînent avec aisance
C’est comme si on voyait le monde à travers les yeux d’Angélique, candide au possible, qui voit partout les signes d’un destin tracé par dieu… et comme si, surtout, ce destin existait effectivement !
Bref, Le Rêve laisse perplexe, et l’ensemble laisse un sentiment assez vain. Le chapitre sur La Légende dorée cependant vaut le détour !
Texte et illustrations : Charlie PLES.