Réalisé par Bertrand Hagenmüller, Les Esprits libres est le dernier volet de la trilogie sur l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Porteur d’espoir et de possibles, ce film plante son décor dans un manoir et nous plonge dans une aventure poétique, théâtrale et touchante vécue par des résidents d’un EHPAD et leurs soignants.
Pour le réalisateur, l’objectif était d’imaginer un endroit avec une autre vision du soin où tout le monde vit ensemble. Au programme : cuisine, création, danse, théâtre et écriture dans « un espace où l’on n’est pas juste obsédé par la préservation de la vie. Nous souhaitions un lieu intergénérationnel et surtout sans blouse blanche où chacun peut devenir un esprit libre. » Durant les deux semaines de tournage, de nombreux intervenants étaient présents aux côtés des résidents et des soignants. Emanuela, art-thérapeute à l’origine du projet, Mélanie Leblanc, une poétesse, ainsi que trois musiciens dont Tom Georgel, compositeur de la musique du film ont répondu à l’appel.
« Nous avons tissé des liens particuliers avec ces personnes par le biais du théâtre » (Emanuela)
« Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, il y a une telle spontanéité, il y a quelque chose de tellement naturel, d’évident, de franc, d’immédiat. Ce qui me plaît énormément, ce sont les liens très spécifiques, très particuliers que nous pouvons tisser avec ces personnes par le biais du théâtre », a confié Emanuela lors d’une projection en avant-première.
« Se débrouiller, c’est savoir se défendre contre le brouillard » (Didier, résident)
Le film est entrecoupé de réflexions poétiques des résidents de l’EHPAD, mises en lumière par Bertrand Hagenmüller : « En tant que cinéaste, j’ai tout de suite vu toute l’intelligence, la beauté et l’émotion qui se jouent dans leurs propos et l’importance de les retranscrire. »
La relation patient/soignant revisitée
Bien qu’il soit difficile d’imaginer à quel point il est dur de perdre la mémoire, il est impossible de rester insensible face à ce bijou cinématographique qui met en valeur une relation de patient à soignant complètement différente du cadre habituel. Une proximité naturelle se construit, accentuée par la présence des enfants et des conjoints de certains soignants, qui s’autorisent à partager des fragments de leur vie. Pour capturer des images authentiques, les techniciens avaient d’ailleurs pour consigne de se fondre dans la vie collective en participant aux repas, et parfois même, aux séances de théâtre.
Lucie BREFFEIL.
Les Esprits Libres, de Bertrand Hagenmüller. En salles depuis le 30 avril 2025. Durée : 1h34.