Le barrage de Petit-Saut, une nouvelle menace

Petit-Saut est un barrage construit par EDF en 1994. Lors de sa création, près de 36 500 hectares de forêts se sont retrouvées à demi-submergées par l’eau. Ce scandale écologique a cependant donné naissance à un riche biotope. Les loutres géantes notamment y ont élu domicile : Petit-Saut pourrait être leur principal habitat. De plus, le bois des arbres immergés a obtenu de nouvelles caractéristiques : soumis à la pression de l’eau et à l’anoxie, il a durci.

L’histoire pourrait s’arrêter là. Cependant, ce n’est pas ce qu’ont décidé plusieurs entreprises, décidées à exploiter les bois ennoyés de Petit-Saut. Dès la fin des années 2010, une compétition s’est engagée pour savoir qui ferait main-basse sur les arbres du réservoir. Voltalia et sa filiale canadienne Triton ont raflé la mise. Leur projet : construire la plus grande centrale de biomasse en Guyane ainsi qu’une scierie. Voltalia espère produire plus de 150 000 mètres-cube de bois par an grâce à l’exploitation de la forêt immergée. Ce projet est en fin d’instruction et va fortement endommager un biotope venant tout juste de renaître.

  • Le biotope du bassin de Petit-Saut, tout juste renaît, va être durablement endommagé pour la seconde fois en trente ans

Pour couper le bois immergé, Voltalia devra employer des véhicules extrêmement bruyants. Ils vont saccager le territoire des nombreux animaux ayant élu domicile à Petit-Saut. C’est particulièrement problématique pour les loutres géantes. Espèce « vulnérable » depuis 1982 et « en danger » depuis 1999 selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, la loutre géante est pourtant fortement présente dans le réservoir du barrage. Détruire ce qui reste de la forêt, c’est rendre plus précaire encore la survie de ces animaux.

 

Sur le site « Faune-Guyane », Benoit de Thoisy, engagé à Kwata, a lancé l’alerte. Il demande à toute personne visitant le site de l’informer sur les éventuels loutres ou terriers rencontrés. Son objectif est de photographier un maximum d’individus afin de prouver que les loutres sont nombreuses à Petit-Saut, et qu’il serait désastreux de détruire cet habitat.

  • Afin de protéger les loutres, les chercheurs tentent de montrer à quel point elles sont nombreuses dans la zone ciblée

Sur le site de Voltalia, l’entreprise affirme vouloir « améliorer l’environnement mondial en favorisant le développement local ». Mais tant que la production économique l’emportera sur la préservation des environnements, les espèces animales seront vouées à disparaitre.

Texte et images : Mathis POPUPELIN.

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