Enterrer les morts et réparer les vivants

Dans un très beau premier récit, Avec toutes mes sympathies, la journaliste Olivia de Lamberterie redonne vie à son frère suicidé. Un texte d’une grande justesse.  

« J’ai perdu mon frère. Cette expression me semble la plus juste pour parler de toi aujourd’hui. Où vont les morts ? » Le 14 octobre 2015, le frère d’Olivia de Lamberterie se jette du pont Jacques-Cartier, à Montréal. Celle qui jusque là ne ressentait pas le besoin d’écrire ; épanouie dans son métier de critique littéraire, n’a pas eu d’autres choix. Ecrire pour faire revivre ce frère adoré ; à la fois solaire, flamboyant, mais empreint d’une profonde mélancolie. Ecrire pour tenter de comprendre, rembobiner le fil d’une vie trop vite fauchée.

En essayant de percer les mystères de ce « roi mélancolique », Olivia de Lamberterie se rappelle cette énigme familiale, presque romanesque : de nombreux hommes se sont suicidés dans sa famille. Cette mélancolie est-elle alors héréditaire ? Comment son frère a-t-il basculé ? Des questions bien souvent sans réponses.

Émouvant, gracieux et subtil

Le lecteur ressort secoué par ce texte émouvant, gracieux et subtil, qui ne sombre jamais dans le pathos grâce une écriture vive et tranchante. « Avec toutes mes sympathies » est ainsi un véritable éloge de la littérature, de la vie, comme un antidote à la tristesse. Et surtout un hommage vibrant à ce frère disparu : «Ton existence est indélébile. Tu n’as pas fini de respirer en nous. Ta mort nous a rendus vivants. »

Avec toutes mes sympathies d’Olivia de Lamberterie, Stock, 256 pages. 

Ismaël EL BOU-COTTEREAU.

 

 

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