Après une licence et une première année de Master en art plastique à Rennes, Auriane Allaire a eu envie de se retrouver, de redonner un sens à sa vie et de savoir d’où elle venait. En novembre 2017, la jeune Mancelle décida de partir au Viêt Nam pour renouer avec ses origines. Elle a photographié et verbalisé son expérience à travers un ouvrage d’art intitulé Racines. Elle livre un témoignage sur l’adoption au Viêt Nam.
« Ce voyage a changé la perception de ma vie et remis en question mon héritage culturel français »
Comment ont réagi tes parents adoptifs en apprenant que tu voulais rencontrer tes parents biologiques. En quoi ce voyage t’a-t-il changée ?
Mes parents adoptifs m’ont beaucoup soutenue et accompagnée dans ma démarche identitaire et personnelle. D’ailleurs, mon père m’avait proposée de venir au Viêt Nam, mais j’ai refusé avec bienveillance. Ce voyage était si intime et viscéral que je désirais vivre mes propres expériences, seule.
Ce voyage a changé la perception de ma vie et a remis en question mon héritage culturel français. Je me sentais plus sereine, apaisée, inconsciemment moins en lutte vis-à-vis de ma différence au sein de ma famille adoptive, mais aussi, dans notre société française.
Quelles ont été tes premières réactions en découvrant ta mère biologique ?
C’est assez difficile de décrire un moment aussi particulier… Je dirais qu’une partie de moi s’est reconnectée à un sentiment profondément enfoui. La rencontre avec ma mère biologique était émouvante, chaudement accueillie par des larmes. J’étais heureuse de retrouver « un repère », de reconnaître des traits similaires aux miens, et de m’assurer à travers sa manière d’être des ressemblances.
« J’aimerais développer un projet solidaire et artistique au Viêt Nam »
Quelles sont les principales différences entre le Vietnam et la France ?
Je ne souhaite pas mettre en lumière une dichotomie. Mon regard a perçu un rythme clairement différent du nôtre. Les Vietnamiens que j’ai côtoyés se levaient plutôt tôt, vers 5h du matin et nous dînions vers 18h. Les repas étaient des festins, copieux mais aussi omniprésents au quotidien. On mangeait tout le temps à chaque nouvelle rencontre autour du thé.
De plus, la distance entre les habitants existait peu, c’est-à-dire que les voisins se connaissaient tous et s’entraidaient constamment en cas de besoin. Le soutien collectif est très présent dans les mœurs, j’ai été touchée par ce fonctionnement. Je vivais également une proximité constante avec les Vietnamiens, la plupart du temps, ils prenaient contact avec moi et me touchaient. Cette prise de contact peut s’avérer être un peu étouffante au bout d’un certain temps.
Comment envisages-tu la suite ?
J’ai écrit le livre RACINES pour partager mon témoignage à un public non concerné par les questions de l’adoption, mais aussi, soutenir au mieux les personnes adoptées dans leurs démarches identitaires.
En 2021, j’aimerais retourner au Viêt Nam pour revoir ma famille biologique, apprendre la langue vietnamienne. Et consacrer du temps en développant une action solidaire, participative et artistique. Je recherche donc des contacts pour construire ce projet !
Propos recueillis par Lucie NOËL.
Crédit photos : Auriane ALLAIRE.
Lien pour soutenir l’ouvrage Racines d’Auriane Allaire : ici
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