American History X ou la rédemption ratée d’un néo-nazi

Sorti en 1998, American History X de Tony Kaye aborde la haine et la violence engendrées par l’idéologie néo-nazie. Un sujet malheureusement plus que jamais d’actualité. Pourtant, bien qu’il soit primordial de le traiter, ce thème doit être le fruit d’un travail de recherche méticuleux.  En effet, de nombreux aspects du film laissent un goût amer.

Derek, un jeune néo-nazi, tue deux hommes noirs tentant de voler sa voiture. Le jeune homme est alors condamné à trois ans de prison. American History X dépeint les causes et conséquences de l’adoption de l’idéologie chez le protagoniste et son petit frère Daniel, qui suit ses traces.

Les problématiques traitées sont loin d’appartenir à un passé embarrassant. Le contexte politique américain actuel rend d’utilité publique les films abordant cette problématique.

Connaître les causes d’une violence pourrait être le meilleur moyen d’y remédier

Centrer un film sur un néo-nazi, ce qui l’a poussé à cette haine, et surtout, ce qui l’a amené à lui tourner le dos, s’avère extrêmement important dans le contexte global actuel de montée de la haine de l’autre. « La connaissance est le pouvoir », écrivait Thomas Hobbes dans Le Léviathan. Connaître les causes d’une violence pourrait être le meilleur moyen d’y remédier. En ce sens, le long-métrage de Tony Kaye s’avère intéressant.

Pathos déplacé et discours d’une banalité désolante sur la haine

Cependant, de nombreux aspects du film laissent un goût amer. L’expression de la haine raciste du personnage principal est dépeinte dans un pathos déplacé. De plus, l’arc rédempteur de Derek puise son origine dans une amitié développée en prison avec un détenu noir. Les deux ont échangé quelques moments de complicité, ponctués de discours d’une banalité désolante sur la haine. Mais est-ce aux minorités de prouver leur valeur pour que des Blancs aux idéaux arriérés questionnent leur conception de la moralité ? Est-ce à eux de discuter avec l’ennemi afin de prouver leur droit de vivre ?

Le long-métrage est centré sur la réévaluation du bien et du mal de Derek. Des introspections et réflexions certes intéressantes mais tendant vers l’égotrip d’un homme blanc, qui ne questionne pas ses privilèges, ne semble pas vraiment culpabiliser de ses meurtres, et se remet seulement en question lorsque la situation s’inverse et qu’il se retrouve la cible de la violence néonazie. De quoi questionner le message même du film. Cet égocentrisme menant à un revirement de moralité chez le personnage principal est-il volontaire et soulève-t-il une dénonciation à plusieurs niveaux de la part du réalisateur ? Ou au contraire reflète-t-il simplement une vision centrée autour de l’Homme blanc adoptée et incarnée par le réalisateur ? Ce flou autour de cette question souligne le caractère bancal du message délivré, et il s’avère dangereux, lorsque l’on aborde ce type de sujet, de créer un tel doute.

Texte : Yuna PERRIERE.

American History X est disponible en VOD. Durée : 1h59. Film interdit aux moins de 12 ans.

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