À la réouverture des cinémas, ne ratez pas « ADN »

Sorti le 28 octobre 2020, jour de l’annonce du reconfinement, le nouveau long-métrage de Maïwenn s’impose comme le meilleur film d’une réalisatrice en pleine maîtrise de son art.

Durant le premier quart d’heure de ce drame, on craint le pire. Scénario usé jusqu’à la corde, émotions mal contenues, comédien (Dylan Robert) médiocre et gênant dans son rôle de jeune très attaché à son arrière-grand-père mourant, Emir… Tout laisse penser que le film va s’écraser sur le mur du mélo tire-larmes voulant se donner un air sérieux avec l’évocation d’une famille traversée par les fantômes de la guerre d’Algérie.

Un équilibre subtil entre différentes palettes d’émotions

Mais Maïwenn parvient ensuite à s’extirper des écueils de la thématique du deuil ; en laissant émerger les différentes individualités de son théâtre familial. Après une scène d’anthologie hilarante durant laquelle la famille tente de se mettre d’accord sur le choix du cercueil, ADN trouve un équilibre subtil entre les différentes palettes d’émotions. La direction des autres acteurs est menée avec brio. Citons Fanny Ardent, impériale dans son rôle de mère toxique incapable de communiquer, ou encore, le brillant Louis Garrel, qui amène sa touche d’humour tranchant et sans qui le film perdrait de son éclat.

Une réalisatrice au talent et à la sensibilité indéniables

Beaucoup reprochent à Maïwenn la dimension narcissique de son œuvre. En effet, dans tous ses films, à l’exception de Mon Roi, elle se met en scène comme dans Pardonnez-moi et Le bal des actrices, où la mise en abyme était au service d’un regard critique sur elle-même. Elle joue ici le personnage principal d’ADN, quand le récit se recentre sur le cheminement identitaire touchant de Neige, qui souhaite réinvestir pleinement ses origines algériennes. Cette quête est la seule manière pour elle d’échapper à un cadre familial étouffant.

ADN est un concentré du meilleur d’une réalisatrice parfois agaçante, mais au talent et à la sensibilité indéniables.

Ismaël EL BOU – COTTEREAU.
Crédit Photo : Le Pacte.

 

« ADN » de Maïwenn, sorti le 28 octobre et reprogrammé lors de la réouverture des cinémas (1h30)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *