Si l’épidémie de Covid-19 a finalement eu raison de la présence du public autour des 13,26 km du circuit de la Sarthe, pour l’édition 2020 des 24 Heures du Mans autos, la voix si singulière de Bruno Vandestick, speaker officiel de la course, résonnera sur et en dehors du circuit.
Le journaliste sarthois commente chaque édition des 24 heures du Mans, sans exception, depuis 1993. Aucun doute, la mécanique de Bruno Vandestick pour faire vivre aux passionnés d’automobile la plus grande course d’endurance au monde est rôdée. Mais sans public. Cette année est spéciale, différente. Comment va-t-il personnellement vivre cette édition ? Interview.
« Nous sommes à une sorte de tournant historique »
Sans les 250 000 spectateurs habituels présents sur le circuit Bugatti, la motivation reste-t-elle intacte ?
Au risque de vous surprendre, la réponse est oui. Je pense aux fans, à la grande communauté des 24 heures qui pourra cliquer sur l’onglet « commentaire » et m’entendre de chez elle. Ma voix complétera les images et les analyses des journalistes d’Eurosport et de France TV. Je sais qu’énormément de personnes, pas forcément devant un écran, suivent la course avec leurs oreilles. Je suis surmotivé par l’activation de la plateforme en ligne « 24H United » qui offre aux spectateurs une immersion (visuelle et sonore) à 360 degrés, sur le circuit et dans les coulisses de la course.
Avec cette innovation, nous avons pris un peu d’avance, car ce genre de dispositif est un levier de séduction du grand public. Je pense que de plus en plus de personnes peuvent s’intéresser à un événement comme celui-ci à travers cet outil ; des personnes qui ne se seraient pas déplacées sur le site pour suivre la course en temps normal. Nous sommes à une sorte de tournant historique, c’est un excellent outil de compensation proposé par l’ACO (Automobile Club de l’Ouest). Je sais qu’à travers cette plateforme, la course et mes commentaires seront très suivis ; ma préparation et mon enthousiasme sont donc au même niveau que d’habitude.
« Je n’ai surtout pas le sentiment d’être inutile ce week-end. Absolument pas. »
Si sa voix résonnera sur Internet, Bruno Vandestick sait aussi que, même sans public autour du circuit, ses commentaires seront attentivement suivis :
« Je sais que les journalistes m’écoutent beaucoup ; les postes de commissaires de piste aussi. Je n’ai surtout pas le sentiment d’être inutile ce week-end. Absolument pas ».
Samedi, sur la piste, lors de la procédure de départ, vous serez à côté des pilotes, leurs bolides ; mais, les tribunes seront vides. Quel sentiment vous dominera ?
J’aurai un pincement au cœur en regardant gradins et tribunes vides, dans lesquels des gens sont habituellement là car ils aiment profondément cet événement. Beaucoup économisent même de l’argent d’un mois de juin à l’autre pour vivre cette course au Mans. J’ai du respect pour ces personnes et je penserai à elles.
Le speaker manceau sait même précisément quand son émotion atteindra son apogée lors de cette édition si particulière :
« Là où ça va faire drôle c’est lorsque la Safety-Car (voiture de direction de course) arrivera au niveau de la chicane Ford, puis celle du raccordement, à la fin du tour de chauffe ; car on mettra la musique habituelle du départ mais sans le public. Je pense que j’aurai une pensée très forte pour l’ensemble des spectateurs à ce moment-là. En revanche, je le dis sans provocation ; cette émotion sera éphémère. Je sais que tout le monde sera à l’écoute de la course sur les chaînes de télé et via la plateforme. Une fois le départ donné, la pilule commencera à être avalée et digérée. Puisque la course va se dérouler dans ces conditions, nous allons la suivre ensemble en mettant de côtés nos états d’âme ».
C’est donc certain, le timbre de Bruno Vandestick nous accompagnera, et sa voix ne tremblera pas.
Texte et photos : Julien ROSSIGNOL.
Plateforme pour suivre les 24 Heures du Mans 2020 : https://24h-united.com/fr/home/
