Yannick Noah : « Le bonheur, notre plus beau moteur »

Après cinq années loin de la scène publique, Yannick Noah signe son retour sur le devant de la scène avec un disque humaniste et voyageur au titre évocateur, Bonheur Indigo. Avant son concert au Sweet FM Live, samedi 31 août, au Mans, le chanteur s’est confié en toute décontraction sur ce nouvel album. Morceaux choisis.

« Je voulais proposer de la joie et donner le sourire »

Cinq années se sont écoulées entre Combats Ordinaires et Bonheur Indigo, votre 12e opus.
Notre parcours de vie est jalonné d’étapes. Tu deviens papa, puis papy, tu vois le temps qui passe et tu regardes derrière toi. Mais cela ne doit pas t’empêcher de faire ton chemin intérieur. Il était vital pour moi de prendre mon temps et de profiter de chaque instant avec les miens. Je suis arrivé à un moment de ta vie où mes parents sont partis, des amis également. Ces passages difficiles nous rappellent combien le temps est précieux.

Qu’avez-vous fait pendant ces années loin de la scène ?
Pendant trois ans, j’ai voyagé à travers le monde en bateau. Je revenais uniquement pour m’occuper des jeunes des équipes de France de Coupe Davis avec lesquels j’ai vécu une belle aventure humaine. Mais j’ai surtout passé du temps à méditer, à penser, à profiter de ma famille. Le fait de prendre recul avec la scène publique m’a permis de recharger les batteries. J’ai été spectateur, je me suis nourri. Je reviens plus fort, je redeviens acteur avec un nouvel album.

 

Quel est l’esprit de Bonheur Indigo ?
Je voulais proposer de la joie et donner le sourire. Le bonheur est le plus beau moteur. Il y a des moments où cela coule de source, après une victoire en Coupe du Monde. Mais pendant les moments plus pesants, il faut redoubler de courage pour proposer un sourire. Nous passons par des cycles, mais je reste convaincu que tous les êtres ont une part d’optimisme au fond d’eux.

« Ma chanson anti-FN ? Je n’ai aucun regret »

Il y a cinq ans, Ma colère, votre chanson anti-FN, avait fait couler beaucoup d’encre.
Dans une carrière artistique, nous prenons une direction. Mais en tant qu’homme et citoyen, j’exprime aussi des choses à travers mon art. Je voulais exprimer ma colère face à la montée du Front National. Cette chanson est interprétée d’une manière très douce, avec des mots précis. Je suis vraiment fier de l’avoir fait. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter.

« Je ne voulais pas connaître le nom des auteurs des chansons »

Bonheur Indigo est riche en collaborations. Comment s’est fait le choix des auteurs ?
Un peu comme un livre ou une bouteille de vin, ce qui compte, c’est le contenu. J’ai envoyé des informations en disant que je voulais une chanson sur le voyage, une sur l’amitié, une sur l’amour compliqué, une autre sur l’homme derrière le migrant. J’ai reçu beaucoup de propositions, mais je refusais d’en connaître les auteurs. Je voulais juste me fier à mon écoute. Pour Viens, je n’ai su qu’après coup qu’il s’agissait de Boulevard des Airs. Cette chanson sur la transmission m’a tout simplement touché.

« Notre planète est dans une situation d’urgence »

Dans Aux arbres citoyens (2006), vous appeliez à une prise de conscience sur la préservation de l’environnement.
Nous avons travaillé sur le nouvel album début 2019. Je voulais que l’on fasse une chanson sur la sauvegarde de la planète (Il est encore temps). Il y a dix ans, il fallait se réveiller. Aujourd’hui, nous sommes dans l’urgence. Nous assistons à un spectacle dramatique, entre les incendies en Amazonie, en Afrique, la fonte des glaces, ce que traverse l’Asie. Lorsque j’étais en mer, j’ai pu observer les îles infestées par les algues et les catastrophes écologiques. Deux ou trois dirigeants influents résistent, mais ça ne peut plus durer.

Propos recueillis par Jaheli NAMAI.
Photos : Antoine Verglas.

Bonheur Indigo (10 titres/Columbia/Sony Music). Album disponible le 6 septembre 2019.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *