J’accuse : le scandale Dreyfus à l’écran en pleine polémique

En 2013, l’écrivain et journaliste britannique Robert Harris publiait D. (An officer and a spy). Dans un contexte polémique, le réalisateur franco-polonais Roman Polanski en fait l’adaptation au cinéma dans J’accuse, un drame historique portant sur l’affaire Dreyfus.

Devons-nous distinguer l’homme de l’artiste, distinguer l’ignoble comportement du talent ?

En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier français de confession juive, est condamné à la déportation à vie pour haute trahison : il aurait fourni des documents confidentiels secrets à l’Allemagne. Durant une dizaine d’années, entre préjugés et antisémitisme, cette affaire va déchirer et diviser la France de la Troisième République et faire scandale dans le monde entier.

Le film retrace la totalité de ce que l’on a appelé « l’affaire Dreyfus ». De sa condamnation humiliante à son deuxième jugement où Dreyfus (joué par Louis Garrel) est, à nouveau, reconnu coupable, le réalisateur du Pianiste insère les différentes étapes du scandale en passant par l’hypocrisie du gouvernement et de l’armée française face à la culpabilité évidente d’Esterhazy à la publication de « J’accuse » d’Émile Zola dans l’Aurore, puis à son procès et sa condamnation pour diffamation.

Par l’enchaînement de flash-back et moments présents, le spectateur peut ainsi suivre l’enquête ardue du commandant Picquart incarné par la prestance, l’obstination et la droiture de Jean Dujardin qui est prêt à mettre en jeu son nom, son rang et son honneur pour rétablir la vérité et la justice.
Avec J’accuse, nous avons tout ce que nous attendons d’un film d’époque : une qualité d’écriture et de mise en scène remarquable, une fidélité et une importance esthétique des costumes, une place recherchée des lieux incontournables parisiens ainsi qu’un itinéraire immanquable entre politique et sentiment.

Néanmoins, ce film apparaît dans un environnement social actuel complexe. Devons nous le voir comme un rapprochement net avec la vie du réalisateur ? Devons-nous faire preuve d’assez de recul pour distinguer l’homme de l’artiste, distinguer l’ignoble comportement du talent ?

En salles depuis le 13 novembre 2019. Durée : 2h12.

Romain BACHELIER.

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