L’Utopie (1516) de Thomas More a donné son nom à ce genre littéraire qui consiste en l’invention d’une société idéale, débarrassée des problèmes économiques et sociaux contemporains. Mais ce monde est-il vraiment parfait ?
Dans la première partie de son livre, More fait une critique de la société anglaise du XVIème siècle. Après avoir démontré les nombreux problèmes du monde dans lequel il vit, More raconte le récit d’un voyage imaginaire qu’il aurait fait chez les Utopiens, au modèle de société parfait.
Les lieux de « débauche » ou de distractions inutiles sont prohibées
Pour résumer, cette société serait plus ou moins une adaptation de la Cité Juste que Platon décrit dans La République, une œuvre qui a grandement inspiré More de son propre aveu. Chaque citoyen a une tâche et à cette tâche atteint sa perfection, le temps libre n’est utilisé que pour une promenade quand celle-ci est autorisée par les membres de la famille. Les lieux de « débauche » ou de distractions inutiles sont prohibées. Les Utopiens évitent également la guerre et préfèrent inclure les indigènes dans leurs colonies, ne les attaquant que s’ils ne daignent se soumettre…
La vie des citoyens est régie par un rythme de travail effréné et leurs rares sorties doivent être autorisées
On comprendra où je souhaite en venir ; ce monde parfait a une drôle de figure. Si les hommes et les femmes sont égaux dans la société, la femme reste soumise à l’homme dans le cadre familial. La vie des citoyens est régie par un rythme de travail effréné et leurs rares sorties doivent être autorisées (cela ne vous évoque pas quelque chose ?)…
L’utopie tend vers une harmonie qui exige une régulation radicale des rapports humains et de leurs activité
Sans doute ces tares sont-elles inévitables : l’utopie tend vers une égalité parfaite, vers un équilibre, une harmonie qui exige une régulation radicale des rapports humains et de leurs activités, privant finalement l’homme de ce qui le constitue : sa liberté.
Il est probable finalement que les dystopies ne soient que des utopies vues de l’intérieur…
Texte et illustration : Charlie PLÈS.