La chanson de Roland est une des œuvres majeures de la littérature médiévale française. D’un auteur inconnu daté de la fin du XIème siècle, les motifs de ce poème épique continuent de marquer notre imaginaire médiéval, mais lire le texte permet d’en découvrir un potentiel comique oublié…
Dans sa conquête de territoire, l’empereur Charlemagne porte la guerre en Espagne contre le roi Marsile. Une trahison de Ganelon, qui veut se venger de son rival Roland, neveu de l’empereur, les entraîne dans un guet apens des espagnols. La bataille prend des proportions terribles à mesure qu’arrivent les renforts. Si Roland et ses quelques compagnons se défendent d’abord seuls, Roland doit se résoudre à sonner de son clairon pour appeler Charles à son aide.
Ce qui n’empêchera pas Roland de périr…
La chanson de geste hérite clairement du modèle de l’Illiade, notamment dans la pratique récurrente de la périphrase pour évoquer les personnages et leurs armes. Et de même que dans le chant d’Homère, on est ici dans la plus pure tradition épique. Mais la multiplication des détails sanglants, le gore du combat poussé à l’extrême, rend parfois le ton assez parodique. Volontairement ? La question peut se poser.
Aujourd’hui, nous portons sur les grands récits médiévaux un regard si respectueux et sacré (d’autant qu’ils s’inscrivent dans une forme de propagande chrétienne), que nous échappe peut-être une dimension plus comique, parodique voire autocritique. Ne découvre-t-on pas régulièrement, cachés au milieu de la majesté des églises, des sculptures de satires et autres figures caricaturales, grotesques ou carrément pornographiques ?
Il n’est pas improbable que l’auteur de cette geste se soit amusée à détourner les codes de la chevalerie, du genre épique et du sacré chrétien, et d’avoir pactisé avec le rire…
Texte et illustration : Charlie PLÈS.
*Casque de cavalerie médiéval enveloppant toute la tête et le visage du combattant.