Lundi 22 septembre 2025, au Col de la Pierre Saint-Martin (1 765m), dix jours après mon départ d’Hendaye, j’entre dans le Béarn par la HRP*. J’oscille entre la France et l’Espagne au pied du Pic d’Anie (2 504m). Passé 2 200m d’altitude, la pluie devient neige et saupoudre les paysages minéraux. Le silence est souvent rompu par les rafales de vent et le fracas des roches soulevées par les isards** qui déambulent le long des falaises.
Seule entrave à cette idylle, la majeure partie de la HRP se trouve en zone blanche***. L’absence de réseau et l’isolement font qu’en cas de problème il m’est très compliqué de prévenir les secours. Je fais donc le choix d’abandonner la haute montagne et le tracé de l’Hexatrek pour quelques temps, en revenant sur le GR10, mieux couvert par le réseau et plus fréquenté à cette période de l’année.
Je traverse ainsi la vallée d’Aspes pour rejoindre en stop un supermarché et faire un ravitaillement en nourriture. Les températures baissent avec l’arrivée de l’automne et l’altitude, je privilégie donc généralement les nuits en cabane plutôt que le bivouac. D’autant que j’entre dans le territoire des ours et j’aimerai éviter une rencontre nocturne inopinée.
Trois jours après mon arrivée dans le Béarn, je retrouve le Pic du Midi d’Ossau (2884m), qui marque la moitié de mon parcours depuis Hendaye. Après un bivouac par -3°C face au Pic, je parcours la vallée d’Ossau, puis la vallée du Soussouéou. Je franchis mes premiers névés**** à la Hourquette d’Arre (2 465m) pour atteindre Gourette, qui m’ouvre la porte des Hautes-Pyrénées.”
Texte et photos : Timon MOREAU.
* HRP : Haute Route Pyrénéenne.
** Isards : espèce voisine du chamois, endémique des Pyrénées.
*** Zone blanche : territoire non couvert par un réseau mobile.
**** Névé : portion de neige, vieillie et isolée, persistant hors des périodes d’enneigement.