Les établissements de santé doivent affronter une crise sanitaire sans précédent depuis la propagation du COVID-19. Le quotidien du personnel soignant français est mis à rude épreuve. Julie*, jeune infirmière au Centre Hospitalier du Mans, livre son sentiment sur la situation.
« Un sentiment de paranoïa s’est installé »
Comment vivez-vous cette crise sanitaire au sein de l’hôpital du Mans ?
Nous redoublons de prudence et nous insistons sur les gestes barrière : les contacts entre collègues sont très limités et nous portons le masque en permanence. Le nombre d’appels des familles de patients augmente. Elles s’inquiètent pour leurs proches à qui elles ne peuvent plus rendre visite et posent beaucoup de questions sur les mesures de protections prises. Il y a des changements dans l’organisation des bâtiments, puisque certains services sont exclusivement réservés aux victimes du COVID-19. Il faut rester vigilants pour ne pas transmettre le virus aux non-contaminés. Un sentiment de peur, voir de paranoïa, s’est installé, notamment lorsqu’un patient se met à tousser.
« Nous sommes constamment dans le flou »
Pensez-vous que les mesures ont été prises au bon moment ?
Non, le confinement a été instauré trop tard, car nous avions déjà connaissance des dangers du virus. Le manque d’informations est affligeant, nous sommes constamment dans le flou. En plus, les tests ne sont fiables à 100 %, ce qui augmente nos craintes.
« La réouverture des écoles le 11 mai me paraît prématurée »
Comment imaginez-vous les semaines à venir ?
Pour le moment, nous gérons relativement bien la situation. Nous avons d’ailleurs accueilli des malades de Paris et de la région Est. Au niveau du matériel, comme partout, nous accusons des manques (masques, surblouses, gel hydro-alcoolique, tensiomètres…), mais nous faisons au mieux pour gérer la situation. Le pic épidémique n’est pas encore atteint, mais le gouvernement prévoit déjà la réouverture des écoles le 11 mai 2020. Cette décision est prématurée. Ce n’est pas rassurant pour les semaines à venir.
Propos recueillis par Camille GENTILHOMME.
Crédit photo : Centre Hospitalier Le Mans.
Pour équiper son personnel, le Centre Hospitalier du Mans a lancé un appel aux couturiers et couturières qui voudraient concevoir des surblouses pour les soignant(e)s. Les volontaires peuvent contacter l’hôpital pour proposer leurs productions. Adresse mail : planblanclog@ch-lemans.fr
*Prénom d’emprunt.