« Changer le regard sur le handicap »

Quand on parle de handicap, les gens pensent souvent aux handicaps les plus lourds, comme les personnes en fauteuil, aux handicaps mentaux ou aux moignons…Ils sont perdu(e)s et connaissent peu de choses sur le sujet encore tabou malheureusement.

« J’aimerais qu’on puisse sortir se balader comme quelqu’un qui n’a rien de spécial »

Quand on dit « handicap », on pense dégoût ou empathie. Le handicap n’est pas affiché, on le cache, on le rejette ou on l’exclut. C’est une différence, les gens trouvent ça bizarre, posent des questions maladroites ou ont pitié et font des commentaires. J’aimerais que ça change. J’aimerais qu’on puisse sortir dans la rue avec ses appareillages (ou autres) et que les gens ne nous dévisagent pas. J’aimerais qu’on puisse sortir se balader comme quelqu’un qui n’a rien de spécial, j’aimerais que tout soit accessible pour tout le monde. Je voudrais que les expressions péjoratives sur le handicap s’arrêtent et qu’on ne nous félicite pas plus que les autres….

En France, 1 % des enfants qui naissent, soit 7 500 nouveau-nés par an, sont atteints d’un handicap important
Sur 7,9 millions de nourrissons (6% des naissances dans le monde) 3,9 millions sont handicapés à vie

Pour mon cas, c’est de naissance. Enfin, j’ai vécu une après-midi sans handicap, mais bon…. je ne m’en souviens pas ! J’ai fait un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) néo-natal. Un AVC est une perte soudaine d’une ou plusieurs fonctions du cerveau. Un caillot de sang est venu bloquer la circulation sanguine de mon corps. Ça a endommagé la partie du cerveau qui dirigeait mon côté droit.

« J’ai fait un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) néo-natal »

J’ai entre une hémiplégie et une hémiparésie. Les informations de mon cerveau passent moins bien, je ne peux pas faire grand-chose avec mon bras et j’ai moins de force dans la jambe droite, surtout depuis mon opération en CM2 où j’ai dû apprendre à remarcher…en un an.

« Les remarques sont rarement méchantes, c’est très souvent pour essayer d’être gentil(le) »

Crédit : A-qui-S.

Depuis toute petite, presque toutes les semaines, j’ai des remarques et, plus fréquemment encore, des regards insistants. Ils viennent d’enfants curieux ou d’adultes malpolis qui me regardent marcher parce que je boite ou qui regardent mon attelle lorsque je mets une robe ou un short. Les remarques sont rarement méchantes, c’est très souvent pour essayer d’être gentil(le) ou pour se donner bonne impression à soi-même. Les « attention y a quelqu’un de fragile ici ! » ou les « oh ! La pauvre », alors que je marche juste deviennent insupportables quand c’est souvent. Mais, pour tout le monde c’est pour être gentil et faire attention. Oui c’est gentil, mais au bout de quatorze ans c’est lassant, énervant et vexant. Sinon, il y a des curieux qui posent des questions qui ne les concernent pas. Comme je l’ai dit avant, il y a très peu de moqueries, d’insultes ou de personnes tellement bêtes… Mais ça arrive et ce n’est pas normal.

« J’aimerais que gens arrêtent de chouchouter les personnes en situation de handicap juste parce qu’elles ont un handicap »

Ce que je veux juste c’est que les gens arrêtent de chouchouter les personnes en situation de handicap juste parce qu’elles ont un handicap. L’empathie des gens, c’est une forme de rabaissement. C’est ne pas se sentir capable de faire des choses à cause d’une personne alors qu’on en est capable. Cette personne nous a bloqué en pensant faire le mieux et le plus juste alors que, souvent elle ne nous connait pas. L’année dernière, en 2024, j’avais un coach de tennis de table qui ne connaissait même pas mon prénom et qui, au lieu de me donner des conseils quand je lui posais une question, essayait de m’encourager avec un discours nul. Je me sentais rabaissée.

« Ce que je veux aussi, c’est ne plus être félicitée pour tout et n’importe quoi sous prétexte que j’ai un handicap »

Ce que je veux c’est que tout soit accessible, partout. Surtout les trottoirs…

Il faut que le handicap ne soit pas une insulte, que ce ne soit plus un mystère pour beaucoup de personnes, que ce ne soit pas un sujet tabou, qu’on puisse en parler librement et que ce ne soit plus un problème pour n’importe qui.

Marguerite, élève en 4eme.

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