Le thermomètre affichait 40 degrés dans les rues du Mans début juillet 2025. Face à cette température, nombreux sont à l’affût du moindre carré d’ombre et du frêle courant d’air. Mais qu’en est-il de ceux qui nichent sous nos toitures, là où la chaleur devient rapidement invivable ?
Il est 10 heures ce jeudi 3 juillet 2025 lorsqu’une famille frappe à la porte de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), au Mans. Avec elle, serrés les uns contre les autres au fond d’un carton, trois martinets juvéniles trouvés dans les rues de la ville.
Âgés d’une trentaine de jours, les oisillons pèsent autour de 40 grammes. « Nous avons trouvé le plus jeune mardi soir, vers 23 heures, en promenant nos chiens. Il gisait sur le trottoir encore brûlant, épuisé et déshydraté », expliquent le père de famille et ses deux filles. Cette histoire n’a rien d’un cas isolé. « Le lendemain, des voisins nous ont apporté deux autres martinets juvéniles qui ont subi le même sort. »
« C’est malheureusement fréquent par temps de canicule. Les jeunes suffoquent et tombent des nids installés sous les toitures », souligne Amandine Cartier, l’une des huit salariés de la LPO.
Ce jour-là, un quatrième martinet est déjà pris en charge par les salariés présents. « Les périodes caniculaires sont infernales, nous croulons sous les appels et nous manquons cruellement de bénévoles-rapatrieurs pour les amener dans les centres de soins », déplore Amandine.
Faute de transport prévu en cette journée, Amandine nourrit les jeunes, amaigris. « Il faut être précautionneux, ce sont des animaux fragiles », explique t-elle en enfilant des gants. D’un geste agile, elle étête les vers de farine et ouvre le bec du jeune martinet qu’elle a positionné entre ses deux genoux. Le petit, affamé, l’avale tout rond.
« La situation ne fait qu’empirer »
« Je suis arrivée dans cette association il y a six ans. Ces dernières années, j’ai vu l’impact des fortes vagues de chaleur sur nos martinets », observe celle qui se charge de la faune en détresse. « Sur la période 2002-2019, la population de martinets a chuté de moitié. Le chiffre ne fait qu’augmenter, c’est inquiétant ».
Sur la dernière semaine de juin, les bénévoles de l’association ont rapatrié plus d’une vingtaine de mammifères juvéniles et convalescents au zoo de Beauval, centre de soins de la faune sauvage le plus proche. « Nous sommes saturés et Beauval est submergé », souffle-t-elle.
Au même moment, le téléphone sonne. Une bonne nouvelle. Au bout du fil, Jean, bénévole retraité depuis un an, se propose de conduire le trio à Beauval. « Ils seront pris en charge jusqu’à maturité, puis seront relâchés lorsqu’ils seront en capacité de voler », précise Amandine. Si tout se passe bien, les martinets migreront vers l’Afrique Sub-Équatoriale, pour passer une vie entière dans les airs et revenir nicher en France, chaque printemps.
Texte et photos : Calypso BARREAU.
La LPO est située à la Maison de l’Eau, 51 rue de l’Estérel, au Mans. Site Internet LPO Sarthe. Tel 02 43 85 96 65. Mail : sarthe@lpo.fr.