Vers l’ère de la vie illimitée ?

Parmi les dystopies, ces romans qui tentent d’imaginer les dérives des sociétés futures, Les Monades urbaines (1971) de Robert Silverberg, ont l’originalité d’imaginer un monde où 75 milliards d’êtres humains vivent dans le bonheur… ou dans l’illusion.

            Après la chute de notre civilisation suite à une explosion démographique a commencé l’ère urbmonadiale, où les humains sont entassés dans de gigantesques tours de mille étages, comprenant chacune environ 800 000 personnes, pour une population totale terrestre de 75 milliards ! Ces monades sont divisées en cités, et les strates sociales se retrouvent en fonction de la hauteur des étages. Cette société verticale a permis l’expansion perpétuelle de la population, ainsi qu’une exploitation optimale des terres, que cultivent les plus rares habitants des villages horizontaux ; les deux sociétés ne se croisent pas, quand bien même les horizontaux servent les verticaux.

            L’autre particularité fondamentale de ces monades est la totale liberté sexuelle ; chacun est libre de s’accoupler avec qui il veut quand il le veut ; le refus est interdit. En effet, ce monde est régi par une pensée fanatique dévouée à Dieu, pour lequel on considère la procréation comme le plus grand hommage (ici est l’opposition au Meilleur des mondes, avec lequel on trouve par ailleurs de nombreuses similitudes). Dès la puberté, les habitants sont mariés et les femmes tombent enceintes : plus une famille est nombreuse, plus elle est honorable.

            Si, bien sûr, ce monde où la frustration est bannie et tous les besoins assouvis donne à ses habitants le sentiment d’être heureux, les personnages se révèlent à eux-mêmes et découvrent qu’ils aspirent à exister au-delà de cette vie cellulaire : esclaves de la liberté absolue, les monadiens rêvent d’intimité, de soleil, d’amour, et d’un réel contact avec Dieu : une vie dont les limites constituent la force.

Texte et illustration : Charlie PLÈS.

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