Le cri de révolte de Samira Bellil

Figure emblématique de la lutte contre les violences faites aux femmes, Samira Bellil a marqué les esprits avec son livre poignant Dans l’enfer des tournantes. Publié en 2002, cet ouvrage autobiographique retrace son parcours personnel et les horreurs qu’elle a vécues dans les cités françaises, notamment en ce qui concerne les violences sexuelles et la culture du silence qui les entoure.

Un cri du cœur face à l’horreur

Dans ce livre, Samira ne se contente pas de partager son histoire, elle brise le tabou des agressions sexuelles, notamment dans les milieux populaires. Elle décrit avec une honnêteté déconcertante les “tournantes”, ces viols collectifs qui se déroulent dans certaines banlieues, où les femmes sont souvent traitées comme des proies. Son récit est à la fois un cri de désespoir et un appel à la prise de conscience.

« À mes frangines de galères pour qu’elles sachent qu’on peut s’en sortir. C’est long et difficile, mais c’est possible. »

Son style est direct et percutant. Samira n’hésite pas à évoquer ses souffrances tout en mettant en lumière les mécanismes de déni qui permettent à ces violences de perdurer. Son témoignage, à la fois poignant et résilient, offre une voix à toutes celles qui n’ont malheureusement pas pu porter plainte par peur des représailles et du regard d’autrui.

Un livre qui fait bouger les lignes

Dans l’enfer des tournantes n’est pas simplement un témoignage, c’est une véritable claque qui réveille les consciences. En exposant des vérités souvent cachées, Samira Bellil ouvre une brèche dans le silence qui entoure la condition insupportable de certaines jeunes filles qui y vivent, tiraillées entre deux servitudes : obéir en restant enfermées à la maison, ou risquer, dans la rue, de devenir la proie des bandes et de le leur sauvagerie sexuelle.

Elle évoque la culture de la soumission qui gangrène certaines banlieues, où des termes comme “taspé des caves” sont utilisés sur les jeunes filles abusées. Elle deviennent au yeux des garçons et de toute la cité des choses sur lesquelles tout est permis. Samira Bellil dénonce le silence complice, où les victimes sont souvent stigmatisées plutôt que soutenues.

Texte et photo : Clément TERRASSE.

Dans l’enfer des tournantes, Samira Bellil, éditions France loisirs, 2003, 234 pages.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *